Chapitre I
L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER
NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS
DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT
BIBLIOTHÈQUE SONORE

À l’école des images

Dans les petites écoles paroissiales, on mettait sur les murs des images pieuses pour illustrer les mystères de la foi et donner un visage aux saints évoqués. L’enfant ne peut pas comprendre le Dieu abstrait, n’est-il pas préférable de le lui montrer sur un trône ? Selon Érasme, l’image s’imprime plus facilement dans l’esprit et permet de mieux mémoriser les connaissances.
Les pédagogues du XVIIe siècle considèrent que les belles tournures latines ne suffisent pas pour comprendre le monde qui entoure les jeunes écoliers enfermés dans une classe. Ils souhaitent les tourner vers des phénomènes concrets à l’aide d’images d’animaux, de plantes ou de planètes pour qu’ils sachent les identifier et les nommer. Pour Comenius, enseigner, c’est d’abord parler aux sens, surtout à la vue.
L’image parlante est aussi au centre de la pédagogie des Jésuites, mais cette fois-ci elle parle non à la raison, mais à l’âme. Une image symbolique renferme un sens moral ou spirituel à déchiffrer. Les Jésuites invitent les élèves dans leurs collèges non seulement à méditer sur les images en se détachant des passions mondaines, mais aussi à les créer eux-mêmes.
Fénelon, le précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, constate que l’enfant est facilement distrait par tout ce qu’il voit. En laissant sa vue se promener un peu sur une illustration, Fénelon veut masquer l’enseignement sous l’apparence du divertissement. Ainsi, un livre doté de belles images incitera un élève à la lecture.


Les images saintes étaient montrées aux enfants lors du catéchisme. Un enfant pouvait aussi en recevoir une en récompense à l’école. Saint Nicolas de Myre, patron des écoliers, est représenté avec trois clergeons allant à l’école qui, selon une légende médiévale, furent mis à mort par le boucher et ensuite ressuscités par l’évêque.
Jacques Callot, Les images des saints [cent-onzième planche], Nancy, I. Henriet, 1636 © BnF/Gallica

Le Monde sensible en images fut le premier manuel de latin illustré. Comenius (1592-1670) développe sa propre méthode qui fait l’économie de longues explications de la part du maître. Chaque thème se voit illustré par une gravure pourvue de numéros se rapportant à des phrases simples et courtes en latin. Utilisé aussi bien à l’école qu’à la maison, ce manuel offrait un vrai plaisir visuel aux enfants, y compris à ceux qui ne savaient pas encore lire.
Comenius, Orbis sensualium pictus, Nuremberg, M. Endter, 1558, p. 34 © BnF/Gallica

Un emblème dessiné par l’auteur de ce cahier de rhétorique représente de façon métaphorique la nature de la mémoire comme une structure bien agencée dans laquelle reposent dans l’ordre les éléments successivement acquis. De la même manière, le propriétaire du cahier pouvait apprendre ou enseigner, point par point, les règles de la rhétorique à l’aide d’images ingénieuses.
Rhetores Cenomanenses, anno reparatae salutis MDCLXI [cahier de rhétorique], XVIIe s., f. 14 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans, Ms. A 392 (Photo : NW)

Un des exercices scolaires dans les collèges jésuites consistait à composer son propre emblème à partir d’un répertoire de symboles. Destinés aux maîtres aussi bien qu’aux élèves, ces recueils contenaient les descriptions de nombreuses figures allégoriques. Les élèves dessinaient ainsi la joie comme une jeune fille avec une couronne de fleurs ; l’ignorance comme une fille laide en habits somptueux, portant une couronne de pavots sur la tête. Les compositions les plus réussies étaient exposées sur les murs du collège.
Jacob Masen, Speculum Imaginum veritatis occultae, exhibens symbola, emblemata, hieroglyphica, ænigmata, omni, tam materiae, quam formae varietate, exemplis simul ac praeceptis illustratum, Cologne, s.n., 1681 © Bayerische Staatsbibliothek

À l’école des images

Dans les petites écoles paroissiales, on mettait sur les murs des images pieuses pour illustrer les mystères de la foi et donner un visage aux saints évoqués. L’enfant ne peut pas comprendre le Dieu abstrait, n’est-il pas préférable de le lui montrer sur un trône ? Selon Érasme, l’image s’imprime plus facilement dans l’esprit et permet de mieux mémoriser les connaissances.
Les pédagogues du XVIIe siècle considèrent que les belles tournures latines ne suffisent pas pour comprendre le monde qui entoure les jeunes écoliers enfermés dans une classe. Ils souhaitent les tourner vers des phénomènes concrets à l’aide d’images d’animaux, de plantes ou de planètes pour qu’ils sachent les identifier et les nommer. Pour Comenius, enseigner, c’est d’abord parler aux sens, surtout à la vue.
L’image parlante est aussi au centre de la pédagogie des Jésuites, mais cette fois-ci elle parle non à la raison, mais à l’âme. Une image symbolique renferme un sens moral ou spirituel à déchiffrer. Les Jésuites invitent les élèves dans leurs collèges non seulement à méditer sur les images en se détachant des passions mondaines, mais aussi à les créer eux-mêmes.
Fénelon, le précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, constate que l’enfant est facilement distrait par tout ce qu’il voit. En laissant sa vue se promener un peu sur une illustration, Fénelon veut masquer l’enseignement sous l’apparence du divertissement. Ainsi, un livre doté de belles images incitera un élève à la lecture.


Les images saintes étaient montrées aux enfants lors du catéchisme. Un enfant pouvait aussi en recevoir une en récompense à l’école. Saint Nicolas de Myre, patron des écoliers, est représenté avec trois clergeons allant à l’école qui, selon une légende médiévale, furent mis à mort par le boucher et ensuite ressuscités par l’évêque.
Jacques Callot, Les images des saints [cent-onzième planche], Nancy, I. Henriet, 1636 © BnF/Gallica

Le Monde sensible en images fut le premier manuel de latin illustré. Comenius (1592-1670) développe sa propre méthode qui fait l’économie de longues explications de la part du maître. Chaque thème se voit illustré par une gravure pourvue de numéros se rapportant à des phrases simples et courtes en latin. Utilisé aussi bien à l’école qu’à la maison, ce manuel offrait un vrai plaisir visuel aux enfants, y compris à ceux qui ne savaient pas encore lire.
Comenius, Orbis sensualium pictus, Nuremberg, M. Endter, 1558, p. 34 © BnF/Gallica

Un emblème dessiné par l’auteur de ce cahier de rhétorique représente de façon métaphorique la nature de la mémoire comme une structure bien agencée dans laquelle reposent dans l’ordre les éléments successivement acquis. De la même manière, le propriétaire du cahier pouvait apprendre ou enseigner, point par point, les règles de la rhétorique à l’aide d’images ingénieuses.
Rhetores Cenomanenses, anno reparatae salutis MDCLXI [cahier de rhétorique], XVIIe s., f. 14 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans, Ms. A 392 (Photo : NW)

Un des exercices scolaires dans les collèges jésuites consistait à composer son propre emblème à partir d’un répertoire de symboles. Destinés aux maîtres aussi bien qu’aux élèves, ces recueils contenaient les descriptions de nombreuses figures allégoriques. Les élèves dessinaient ainsi la joie comme une jeune fille avec une couronne de fleurs ; l’ignorance comme une fille laide en habits somptueux, portant une couronne de pavots sur la tête. Les compositions les plus réussies étaient exposées sur les murs du collège.
Jacob Masen, Speculum Imaginum veritatis occultae, exhibens symbola, emblemata, hieroglyphica, ænigmata, omni, tam materiae, quam formae varietate, exemplis simul ac praeceptis illustratum, Cologne, s.n., 1681 © Bayerische Staatsbibliothek

À l’école des images

Dans les petites écoles paroissiales, on mettait sur les murs des images pieuses pour illustrer les mystères de la foi et donner un visage aux saints évoqués. L’enfant ne peut pas comprendre le Dieu abstrait, n’est-il pas préférable de le lui montrer sur un trône ? Selon Érasme, l’image s’imprime plus facilement dans l’esprit et permet de mieux mémoriser les connaissances.
Les pédagogues du XVIIe siècle considèrent que les belles tournures latines ne suffisent pas pour comprendre le monde qui entoure les jeunes écoliers enfermés dans une classe. Ils souhaitent les tourner vers des phénomènes concrets à l’aide d’images d’animaux, de plantes ou de planètes pour qu’ils sachent les identifier et les nommer. Pour Comenius, enseigner, c’est d’abord parler aux sens, surtout à la vue.
L’image parlante est aussi au centre de la pédagogie des Jésuites, mais cette fois-ci elle parle non à la raison, mais à l’âme. Une image symbolique renferme un sens moral ou spirituel à déchiffrer. Les Jésuites invitent les élèves dans leurs collèges non seulement à méditer sur les images en se détachant des passions mondaines, mais aussi à les créer eux-mêmes.
Fénelon, le précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, constate que l’enfant est facilement distrait par tout ce qu’il voit. En laissant sa vue se promener un peu sur une illustration, Fénelon veut masquer l’enseignement sous l’apparence du divertissement. Ainsi, un livre doté de belles images incitera un élève à la lecture.


Les images saintes étaient montrées aux enfants lors du catéchisme. Un enfant pouvait aussi en recevoir une en récompense à l’école. Saint Nicolas de Myre, patron des écoliers, est représenté avec trois clergeons allant à l’école qui, selon une légende médiévale, furent mis à mort par le boucher et ensuite ressuscités par l’évêque.
Jacques Callot, Les images des saints [cent-onzième planche], Nancy, I. Henriet, 1636 © BnF/Gallica

Le Monde sensible en images fut le premier manuel de latin illustré. Comenius (1592-1670) développe sa propre méthode qui fait l’économie de longues explications de la part du maître. Chaque thème se voit illustré par une gravure pourvue de numéros se rapportant à des phrases simples et courtes en latin. Utilisé aussi bien à l’école qu’à la maison, ce manuel offrait un vrai plaisir visuel aux enfants, y compris à ceux qui ne savaient pas encore lire.
Comenius, Orbis sensualium pictus, Nuremberg, M. Endter, 1558, p. 34 © BnF/Gallica

Un emblème dessiné par l’auteur de ce cahier de rhétorique représente de façon métaphorique la nature de la mémoire comme une structure bien agencée dans laquelle reposent dans l’ordre les éléments successivement acquis. De la même manière, le propriétaire du cahier pouvait apprendre ou enseigner, point par point, les règles de la rhétorique à l’aide d’images ingénieuses.
Rhetores Cenomanenses, anno reparatae salutis MDCLXI [cahier de rhétorique], XVIIe s., f. 14 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans, Ms. A 392 (Photo : NW)

Un des exercices scolaires dans les collèges jésuites consistait à composer son propre emblème à partir d’un répertoire de symboles. Destinés aux maîtres aussi bien qu’aux élèves, ces recueils contenaient les descriptions de nombreuses figures allégoriques. Les élèves dessinaient ainsi la joie comme une jeune fille avec une couronne de fleurs ; l’ignorance comme une fille laide en habits somptueux, portant une couronne de pavots sur la tête. Les compositions les plus réussies étaient exposées sur les murs du collège.
Jacob Masen, Speculum Imaginum veritatis occultae, exhibens symbola, emblemata, hieroglyphica, ænigmata, omni, tam materiae, quam formae varietate, exemplis simul ac praeceptis illustratum, Cologne, s.n., 1681 © Bayerische Staatsbibliothek


À l’école des images

Dans les petites écoles paroissiales, on mettait sur les murs des images pieuses pour illustrer les mystères de la foi et donner un visage aux saints évoqués. L’enfant ne peut pas comprendre le Dieu abstrait, n’est-il pas préférable de le lui montrer sur un trône ? Selon Érasme, l’image s’imprime plus facilement dans l’esprit et permet de mieux mémoriser les connaissances.
Les pédagogues du XVIIe siècle considèrent que les belles tournures latines ne suffisent pas pour comprendre le monde qui entoure les jeunes écoliers enfermés dans une classe. Ils souhaitent les tourner vers des phénomènes concrets à l’aide d’images d’animaux, de plantes ou de planètes pour qu’ils sachent les identifier et les nommer. Pour Comenius, enseigner, c’est d’abord parler aux sens, surtout à la vue.
L’image parlante est aussi au centre de la pédagogie des Jésuites, mais cette fois-ci elle parle non à la raison, mais à l’âme. Une image symbolique renferme un sens moral ou spirituel à déchiffrer. Les Jésuites invitent les élèves dans leurs collèges non seulement à méditer sur les images en se détachant des passions mondaines, mais aussi à les créer eux-mêmes.
Fénelon, le précepteur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, constate que l’enfant est facilement distrait par tout ce qu’il voit. En laissant sa vue se promener un peu sur une illustration, Fénelon veut masquer l’enseignement sous l’apparence du divertissement. Ainsi, un livre doté de belles images incitera un élève à la lecture.


Les images saintes étaient montrées aux enfants lors du catéchisme. Un enfant pouvait aussi en recevoir une en récompense à l’école. Saint Nicolas de Myre, patron des écoliers, est représenté avec trois clergeons allant à l’école qui, selon une légende médiévale, furent mis à mort par le boucher et ensuite ressuscités par l’évêque.
Jacques Callot, Les images des saints [cent-onzième planche], Nancy, I. Henriet, 1636 © BnF/Gallica

Le Monde sensible en images fut le premier manuel de latin illustré. Comenius (1592-1670) développe sa propre méthode qui fait l’économie de longues explications de la part du maître. Chaque thème se voit illustré par une gravure pourvue de numéros se rapportant à des phrases simples et courtes en latin. Utilisé aussi bien à l’école qu’à la maison, ce manuel offrait un vrai plaisir visuel aux enfants, y compris à ceux qui ne savaient pas encore lire.
Comenius, Orbis sensualium pictus, Nuremberg, M. Endter, 1558, p. 34 © BnF/Gallica

Un emblème dessiné par l’auteur de ce cahier de rhétorique représente de façon métaphorique la nature de la mémoire comme une structure bien agencée dans laquelle reposent dans l’ordre les éléments successivement acquis. De la même manière, le propriétaire du cahier pouvait apprendre ou enseigner, point par point, les règles de la rhétorique à l’aide d’images ingénieuses.
Rhetores Cenomanenses, anno reparatae salutis MDCLXI [cahier de rhétorique], XVIIe s., f. 14 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans, Ms. A 392 (Photo : NW)

Un des exercices scolaires dans les collèges jésuites consistait à composer son propre emblème à partir d’un répertoire de symboles. Destinés aux maîtres aussi bien qu’aux élèves, ces recueils contenaient les descriptions de nombreuses figures allégoriques. Les élèves dessinaient ainsi la joie comme une jeune fille avec une couronne de fleurs ; l’ignorance comme une fille laide en habits somptueux, portant une couronne de pavots sur la tête. Les compositions les plus réussies étaient exposées sur les murs du collège.
Jacob Masen, Speculum Imaginum veritatis occultae, exhibens symbola, emblemata, hieroglyphica, ænigmata, omni, tam materiae, quam formae varietate, exemplis simul ac praeceptis illustratum, Cologne, s.n., 1681 © Bayerische Staatsbibliothek
