Chapitre I
L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER
NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS
DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT
BIBLIOTHÈQUE SONORE
Les leçons de monsieur et madame de La Tour Landry
Thomas More ne fut pas le premier à vouloir éduquer soigneusement ses filles en père aimant. Un ouvrage didactique médiéval écrit par un autre père pour ses filles reste lu et apprécié au XVIe siècle, presqu’au même titre que les nouveaux traités humanistes sur l’éducation féminine, alors même que les « miroirs » médiévaux sont désormais passés de mode en Europe. Il s’agit du Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, écrit dans les années 1371-1372 par Geoffroi de La Tour Landry (né vers 1330, mort entre 1402 et 1406), un noble qui vécut dans le château près d’Angers.
Il se présente comme un père soucieux du bonheur de ses enfants. Face à un monde dangereux, hypocrite et difficile à comprendre, le père donne des leçons à ses filles adolescentes. Responsable de leur avenir, conscient de leur fragilité, inquiet de leur faiblesse féminine, il les dote d’un savoir pratique et moral qui leur permettra de vivre de façon digne dans un monde souvent décevant. Les jeunes filles, ayant assimilé la leçon paternelle qui fait appel à l’histoire sainte et profane, pourront éviter les erreurs et les pièges du monde, devenir des épouses parfaites et tenir leur place dans la société.
Pourquoi les lecteurs, ou plutôt les lectrices du XVIe siècle, trouvent-elles plaisir à lire un ouvrage didactique médiéval ? Il faut souligner que cet enseignement traditionnel, même celui concernant les choses les plus triviales – Comment contenir sa jalousie ? Comment se comporter à table ? – passe à travers la lecture, car le père offre à ses filles un livre qui leur est spécialement destiné. Il se montre un éducateur éclairé, car contrairement aux opinions de certains moralistes de son temps, il prône l’utilité et même la nécessité de l’apprentissage de la lecture aux femmes. Même si l’enseignement donné par le livre s’avère traditionnel et conformiste, véhiculant le modèle d’une épouse soumise, patiente et docile, il se distingue par la présence des fortes personnalités féminines. Pour justifier son projet, l’auteur évoque la lignée des femmes-pédagogues et fait appel aux autorités féminines : d’abord à Élisabeth de Bosnie, auteure présumée du Manuel d’éducation pour ses filles, ensuite à Olive de Belleville, sa parente et « dame honorable » à travers laquelle il montre à ses filles un idéal féminin vivant – modèle moral, religieux et intellectuel. Enfin, dans un dialogue fictif qui occupe tout un chapitre, il donne la parole à sa femme. Madame de La Tour Landry revendique le droit d’avoir une opinion différente de celle de son époux. S’appuyant sur son expérience et la sagesse pratique, elle présente un point de vue féminin, opposé aux idées masculines.
Les enseignements de monsieur et madame de La Tour Landry trouvent leurs amatrices dans toute l’Europe et dans toutes les couches sociales. Au Moyen Âge, le Livre du Chevalier de La Tour Landry jouit d’une grande popularité. Il connut aussi un succès important hors de France : au XVe siècle, paraissent deux traductions anglaises et une allemande. Les exemplaires du Livre pour l’enseignement de ses filles se retrouvent dans des bibliothèques féminines, celles notamment de Charlotte de Savoie (1441/3-1483), femme de Louis XI et reine de France, et de sa fille Anne de France (1461-1522), princesse et régente, elle-même auteure d’un ouvrage pédagogique intitulé Enseignements (1503-1504) et dédié à sa fille Suzanne. Ce manuel médiéval se trouve aussi en possession de Marie de Clèves (1553-1574), la cousine d’Henri de Navarre, élevée par la mère de ce dernier, Jeanne d’Albret.
Les leçons de monsieur et madame de La Tour Landry
Thomas More ne fut pas le premier à vouloir éduquer soigneusement ses filles en père aimant. Un ouvrage didactique médiéval écrit par un autre père pour ses filles reste lu et apprécié au XVIe siècle, presqu’au même titre que les nouveaux traités humanistes sur l’éducation féminine, alors même que les « miroirs » médiévaux sont désormais passés de mode en Europe. Il s’agit du Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, écrit dans les années 1371-1372 par Geoffroi de La Tour Landry (né vers 1330, mort entre 1402 et 1406), un noble qui vécut dans le château près d’Angers.
Il se présente comme un père soucieux du bonheur de ses enfants. Face à un monde dangereux, hypocrite et difficile à comprendre, le père donne des leçons à ses filles adolescentes. Responsable de leur avenir, conscient de leur fragilité, inquiet de leur faiblesse féminine, il les dote d’un savoir pratique et moral qui leur permettra de vivre de façon digne dans un monde souvent décevant. Les jeunes filles, ayant assimilé la leçon paternelle qui fait appel à l’histoire sainte et profane, pourront éviter les erreurs et les pièges du monde, devenir des épouses parfaites et tenir leur place dans la société.
Pourquoi les lecteurs, ou plutôt les lectrices du XVIe siècle, trouvent-elles plaisir à lire un ouvrage didactique médiéval ? Il faut souligner que cet enseignement traditionnel, même celui concernant les choses les plus triviales – Comment contenir sa jalousie ? Comment se comporter à table ? – passe à travers la lecture, car le père offre à ses filles un livre qui leur est spécialement destiné. Il se montre un éducateur éclairé, car contrairement aux opinions de certains moralistes de son temps, il prône l’utilité et même la nécessité de l’apprentissage de la lecture aux femmes. Même si l’enseignement donné par le livre s’avère traditionnel et conformiste, véhiculant le modèle d’une épouse soumise, patiente et docile, il se distingue par la présence des fortes personnalités féminines. Pour justifier son projet, l’auteur évoque la lignée des femmes-pédagogues et fait appel aux autorités féminines : d’abord à Élisabeth de Bosnie, auteure présumée du Manuel d’éducation pour ses filles, ensuite à Olive de Belleville, sa parente et « dame honorable » à travers laquelle il montre à ses filles un idéal féminin vivant – modèle moral, religieux et intellectuel. Enfin, dans un dialogue fictif qui occupe tout un chapitre, il donne la parole à sa femme. Madame de La Tour Landry revendique le droit d’avoir une opinion différente de celle de son époux. S’appuyant sur son expérience et la sagesse pratique, elle présente un point de vue féminin, opposé aux idées masculines.
Les enseignements de monsieur et madame de La Tour Landry trouvent leurs amatrices dans toute l’Europe et dans toutes les couches sociales. Au Moyen Âge, le Livre du Chevalier de La Tour Landry jouit d’une grande popularité. Il connut aussi un succès important hors de France : au XVe siècle, paraissent deux traductions anglaises et une allemande. Les exemplaires du Livre pour l’enseignement de ses filles se retrouvent dans des bibliothèques féminines, celles notamment de Charlotte de Savoie (1441/3-1483), femme de Louis XI et reine de France, et de sa fille Anne de France (1461-1522), princesse et régente, elle-même auteure d’un ouvrage pédagogique intitulé Enseignements (1503-1504) et dédié à sa fille Suzanne. Ce manuel médiéval se trouve aussi en possession de Marie de Clèves (1553-1574), la cousine d’Henri de Navarre, élevée par la mère de ce dernier, Jeanne d’Albret.
Les leçons de monsieur et madame de La Tour Landry
Thomas More ne fut pas le premier à vouloir éduquer soigneusement ses filles en père aimant. Un ouvrage didactique médiéval écrit par un autre père pour ses filles reste lu et apprécié au XVIe siècle, presqu’au même titre que les nouveaux traités humanistes sur l’éducation féminine, alors même que les « miroirs » médiévaux sont désormais passés de mode en Europe. Il s’agit du Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, écrit dans les années 1371-1372 par Geoffroi de La Tour Landry (né vers 1330, mort entre 1402 et 1406), un noble qui vécut dans le château près d’Angers.
Il se présente comme un père soucieux du bonheur de ses enfants. Face à un monde dangereux, hypocrite et difficile à comprendre, le père donne des leçons à ses filles adolescentes. Responsable de leur avenir, conscient de leur fragilité, inquiet de leur faiblesse féminine, il les dote d’un savoir pratique et moral qui leur permettra de vivre de façon digne dans un monde souvent décevant. Les jeunes filles, ayant assimilé la leçon paternelle qui fait appel à l’histoire sainte et profane, pourront éviter les erreurs et les pièges du monde, devenir des épouses parfaites et tenir leur place dans la société.
Pourquoi les lecteurs, ou plutôt les lectrices du XVIe siècle, trouvent-elles plaisir à lire un ouvrage didactique médiéval ? Il faut souligner que cet enseignement traditionnel, même celui concernant les choses les plus triviales – Comment contenir sa jalousie ? Comment se comporter à table ? – passe à travers la lecture, car le père offre à ses filles un livre qui leur est spécialement destiné. Il se montre un éducateur éclairé, car contrairement aux opinions de certains moralistes de son temps, il prône l’utilité et même la nécessité de l’apprentissage de la lecture aux femmes. Même si l’enseignement donné par le livre s’avère traditionnel et conformiste, véhiculant le modèle d’une épouse soumise, patiente et docile, il se distingue par la présence des fortes personnalités féminines. Pour justifier son projet, l’auteur évoque la lignée des femmes-pédagogues et fait appel aux autorités féminines : d’abord à Élisabeth de Bosnie, auteure présumée du Manuel d’éducation pour ses filles, ensuite à Olive de Belleville, sa parente et « dame honorable » à travers laquelle il montre à ses filles un idéal féminin vivant – modèle moral, religieux et intellectuel. Enfin, dans un dialogue fictif qui occupe tout un chapitre, il donne la parole à sa femme. Madame de La Tour Landry revendique le droit d’avoir une opinion différente de celle de son époux. S’appuyant sur son expérience et la sagesse pratique, elle présente un point de vue féminin, opposé aux idées masculines.
Les enseignements de monsieur et madame de La Tour Landry trouvent leurs amatrices dans toute l’Europe et dans toutes les couches sociales. Au Moyen Âge, le Livre du Chevalier de La Tour Landry jouit d’une grande popularité. Il connut aussi un succès important hors de France : au XVe siècle, paraissent deux traductions anglaises et une allemande. Les exemplaires du Livre pour l’enseignement de ses filles se retrouvent dans des bibliothèques féminines, celles notamment de Charlotte de Savoie (1441/3-1483), femme de Louis XI et reine de France, et de sa fille Anne de France (1461-1522), princesse et régente, elle-même auteure d’un ouvrage pédagogique intitulé Enseignements (1503-1504) et dédié à sa fille Suzanne. Ce manuel médiéval se trouve aussi en possession de Marie de Clèves (1553-1574), la cousine d’Henri de Navarre, élevée par la mère de ce dernier, Jeanne d’Albret.
Les leçons de monsieur et madame de La Tour Landry
Thomas More ne fut pas le premier à vouloir éduquer soigneusement ses filles en père aimant. Un ouvrage didactique médiéval écrit par un autre père pour ses filles reste lu et apprécié au XVIe siècle, presqu’au même titre que les nouveaux traités humanistes sur l’éducation féminine, alors même que les « miroirs » médiévaux sont désormais passés de mode en Europe. Il s’agit du Livre du Chevalier de La Tour Landry pour l’enseignement de ses filles, écrit dans les années 1371-1372 par Geoffroi de La Tour Landry (né vers 1330, mort entre 1402 et 1406), un noble qui vécut dans le château près d’Angers.
Il se présente comme un père soucieux du bonheur de ses enfants. Face à un monde dangereux, hypocrite et difficile à comprendre, le père donne des leçons à ses filles adolescentes. Responsable de leur avenir, conscient de leur fragilité, inquiet de leur faiblesse féminine, il les dote d’un savoir pratique et moral qui leur permettra de vivre de façon digne dans un monde souvent décevant. Les jeunes filles, ayant assimilé la leçon paternelle qui fait appel à l’histoire sainte et profane, pourront éviter les erreurs et les pièges du monde, devenir des épouses parfaites et tenir leur place dans la société.
Pourquoi les lecteurs, ou plutôt les lectrices du XVIe siècle, trouvent-elles plaisir à lire un ouvrage didactique médiéval ? Il faut souligner que cet enseignement traditionnel, même celui concernant les choses les plus triviales – Comment contenir sa jalousie ? Comment se comporter à table ? – passe à travers la lecture, car le père offre à ses filles un livre qui leur est spécialement destiné. Il se montre un éducateur éclairé, car contrairement aux opinions de certains moralistes de son temps, il prône l’utilité et même la nécessité de l’apprentissage de la lecture aux femmes. Même si l’enseignement donné par le livre s’avère traditionnel et conformiste, véhiculant le modèle d’une épouse soumise, patiente et docile, il se distingue par la présence des fortes personnalités féminines. Pour justifier son projet, l’auteur évoque la lignée des femmes-pédagogues et fait appel aux autorités féminines : d’abord à Élisabeth de Bosnie, auteure présumée du Manuel d’éducation pour ses filles, ensuite à Olive de Belleville, sa parente et « dame honorable » à travers laquelle il montre à ses filles un idéal féminin vivant – modèle moral, religieux et intellectuel. Enfin, dans un dialogue fictif qui occupe tout un chapitre, il donne la parole à sa femme. Madame de La Tour Landry revendique le droit d’avoir une opinion différente de celle de son époux. S’appuyant sur son expérience et la sagesse pratique, elle présente un point de vue féminin, opposé aux idées masculines.
Les enseignements de monsieur et madame de La Tour Landry trouvent leurs amatrices dans toute l’Europe et dans toutes les couches sociales. Au Moyen Âge, le Livre du Chevalier de La Tour Landry jouit d’une grande popularité. Il connut aussi un succès important hors de France : au XVe siècle, paraissent deux traductions anglaises et une allemande. Les exemplaires du Livre pour l’enseignement de ses filles se retrouvent dans des bibliothèques féminines, celles notamment de Charlotte de Savoie (1441/3-1483), femme de Louis XI et reine de France, et de sa fille Anne de France (1461-1522), princesse et régente, elle-même auteure d’un ouvrage pédagogique intitulé Enseignements (1503-1504) et dédié à sa fille Suzanne. Ce manuel médiéval se trouve aussi en possession de Marie de Clèves (1553-1574), la cousine d’Henri de Navarre, élevée par la mère de ce dernier, Jeanne d’Albret.