Chapitre III
L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER
NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS
DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT
BIBLIOTHÈQUE SONORE
Charles Perrault, un élève frondeur
Cadet d’une fratrie de cinq frères (et de sept enfants), Charles est porté sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris le 13 janvier 1628, et son parrain n’est autre que son grand frère Pierre. Charles (1628-1703) naît dans une famille bourgeoise qui fournira au roi de grands commis de l’État avec pour commencer, Pierre, le financier, puis Claude, le médecin devenu architecte et enfin lui-même, futur contrôleur des bâtiments du Roi, futur Chancelier de l’Académie française et, incidemment, auteur d’une poignée de Contes en vers et en prose, à plus de soixante-cinq ans.
Au sein de cette cellule familiale soudée, on pratique une certaine indépendance de pensée et on cultive l’esprit de famille. Son père, avocat au parlement de Paris, est proche des milieux jansénistes, tout comme son frère Nicolas, qui sera docteur en Sorbonne et participera aux querelles théologiques entre Jésuites et jansénistes en prenant le parti d’Antoine Arnauld, le chef de file des jansénistes. Comme beaucoup de fils de parlementaires de cette obédience, Charles est envoyé au collège de Beauvais, un des hauts lieux de l’éducation janséniste au Quartier Latin. Ce collège est voisin du collège de Presles qui garde le souvenir de la personnalité de Pierre de la Ramée.
Charles a alors huit ans et demi et sa mère (Paquette Leclerc) a préalablement pris soin de lui apprendre les rudiments, comme il le rappelle lui-même avec affection dans ses Mémoires écrites au soir de sa vie. Son père prend le relais lorsque le garçon rentre du collège. Après le souper, il veille à ce que son benjamin lui résume en substance ce qu’il a appris, le tout en latin, cela s’entend.
Après une sixième un peu difficile parce qu’il ne sait pas encore bien lire, Charles devient un des premiers de sa classe. Il se félicite d’avoir toujours échappé au fouet, ce qui semble effectivement exceptionnel. Il a de la facilité pour la rédaction en vers et excelle dans les disputes philosophiques. Il en tire du plaisir, au point d’aimer autant les jours de classe que les jours fériés ! Il fait preuve d’initiative et innove dans ses arguments, contrairement à des condisciples irlandais plus routiniers (nous rapporte-t-il encore). Il acquiert une telle assurance qu’il ne craint pas de s’adresser au maître avec une liberté de langage que personne d’autre n’ose prendre.
Ses talents ne passent pas inaperçus. Son régent ambitionne de lui faire soutenir ses thèses deux ans plus tard. Mais ses parents reculent devant la dépense occasionnée, et le voilà réduit à l’inactivité : il n’a plus le droit de « disputer » en classe. Alors il claque la porte, tout simplement, en compagnie de son ami Beaurain. Le mouvement d’humeur se transforme en décision irrévocable lors d’une promenade au Luxembourg, un jardin récemment créé : les deux camarades décident de ne plus retourner au collège et d’étudier ensemble de manière autonome.
Avec cet ami dont nous ne connaissons pas le prénom, Charles Perrault se plonge avec délices dans l’étude jour après jour pendant trois ou quatre ans, en s’astreignant à un emploi du temps réglé. Beaurain arrive au logis des Perrault à 8 heures, repart à 11 heures, puis revient de 15 heures à 17 heures, après quoi ils se promènent au jardin du Luxembourg, révisent un peu ce faisant, et il arrive que le plus studieux des deux – Beaurain – se remette ensuite au travail. Ils pratiquent la Bible, les Pères de l’Église, l’histoire de France, les classiques latins, lisent Corneille et ses contemporains. Ils mettent au point une méthode pour s’imprégner des œuvres en passant sans cesse du latin au français et en relevant les citations essentielles.
L’exercice de traduction n’a plus rien de rébarbatif et peut même déboucher sur une création originale où le goût des lettres s’allie à l’espièglerie. Les jeunes gens ont vingt ans lorsqu’ils entreprennent de traduire le chant VI de l’Enéide en vers français et en transposant l’univers du poème épique de Virgile dans un environnement beaucoup plus trivial. La mode du burlesque fait alors rage. La gaminerie fait rire même le sérieux Nicolas qui se destine à la théologie et voilà qu’un autre frère, Claude, veut également être de la partie. Une famille cultivée, d’esprit libre, ne remplace-t-elle pas avantageusement l’école, dans ces conditions ?
Charles Perrault, un élève frondeur
Cadet d’une fratrie de cinq frères (et de sept enfants), Charles est porté sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris le 13 janvier 1628, et son parrain n’est autre que son grand frère Pierre. Charles (1628-1703) naît dans une famille bourgeoise qui fournira au roi de grands commis de l’État avec pour commencer, Pierre, le financier, puis Claude, le médecin devenu architecte et enfin lui-même, futur contrôleur des bâtiments du Roi, futur Chancelier de l’Académie française et, incidemment, auteur d’une poignée de Contes en vers et en prose, à plus de soixante-cinq ans.
Au sein de cette cellule familiale soudée, on pratique une certaine indépendance de pensée et on cultive l’esprit de famille. Son père, avocat au parlement de Paris, est proche des milieux jansénistes, tout comme son frère Nicolas, qui sera docteur en Sorbonne et participera aux querelles théologiques entre Jésuites et jansénistes en prenant le parti d’Antoine Arnauld, le chef de file des jansénistes. Comme beaucoup de fils de parlementaires de cette obédience, Charles est envoyé au collège de Beauvais, un des hauts lieux de l’éducation janséniste au Quartier Latin. Ce collège est voisin du collège de Presles qui garde le souvenir de la personnalité de Pierre de la Ramée.
Charles a alors huit ans et demi et sa mère (Paquette Leclerc) a préalablement pris soin de lui apprendre les rudiments, comme il le rappelle lui-même avec affection dans ses Mémoires écrites au soir de sa vie. Son père prend le relais lorsque le garçon rentre du collège. Après le souper, il veille à ce que son benjamin lui résume en substance ce qu’il a appris, le tout en latin, cela s’entend.
Après une sixième un peu difficile parce qu’il ne sait pas encore bien lire, Charles devient un des premiers de sa classe. Il se félicite d’avoir toujours échappé au fouet, ce qui semble effectivement exceptionnel. Il a de la facilité pour la rédaction en vers et excelle dans les disputes philosophiques. Il en tire du plaisir, au point d’aimer autant les jours de classe que les jours fériés ! Il fait preuve d’initiative et innove dans ses arguments, contrairement à des condisciples irlandais plus routiniers (nous rapporte-t-il encore). Il acquiert une telle assurance qu’il ne craint pas de s’adresser au maître avec une liberté de langage que personne d’autre n’ose prendre.
Ses talents ne passent pas inaperçus. Son régent ambitionne de lui faire soutenir ses thèses deux ans plus tard. Mais ses parents reculent devant la dépense occasionnée, et le voilà réduit à l’inactivité : il n’a plus le droit de « disputer » en classe. Alors il claque la porte, tout simplement, en compagnie de son ami Beaurain. Le mouvement d’humeur se transforme en décision irrévocable lors d’une promenade au Luxembourg, un jardin récemment créé : les deux camarades décident de ne plus retourner au collège et d’étudier ensemble de manière autonome.
Avec cet ami dont nous ne connaissons pas le prénom, Charles Perrault se plonge avec délices dans l’étude jour après jour pendant trois ou quatre ans, en s’astreignant à un emploi du temps réglé. Beaurain arrive au logis des Perrault à 8 heures, repart à 11 heures, puis revient de 15 heures à 17 heures, après quoi ils se promènent au jardin du Luxembourg, révisent un peu ce faisant, et il arrive que le plus studieux des deux – Beaurain – se remette ensuite au travail. Ils pratiquent la Bible, les Pères de l’Église, l’histoire de France, les classiques latins, lisent Corneille et ses contemporains. Ils mettent au point une méthode pour s’imprégner des œuvres en passant sans cesse du latin au français et en relevant les citations essentielles.
L’exercice de traduction n’a plus rien de rébarbatif et peut même déboucher sur une création originale où le goût des lettres s’allie à l’espièglerie. Les jeunes gens ont vingt ans lorsqu’ils entreprennent de traduire le chant VI de l’Enéide en vers français et en transposant l’univers du poème épique de Virgile dans un environnement beaucoup plus trivial. La mode du burlesque fait alors rage. La gaminerie fait rire même le sérieux Nicolas qui se destine à la théologie et voilà qu’un autre frère, Claude, veut également être de la partie. Une famille cultivée, d’esprit libre, ne remplace-t-elle pas avantageusement l’école, dans ces conditions ?
Charles Perrault, un élève frondeur
Cadet d’une fratrie de cinq frères (et de sept enfants), Charles est porté sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris le 13 janvier 1628, et son parrain n’est autre que son grand frère Pierre. Charles (1628-1703) naît dans une famille bourgeoise qui fournira au roi de grands commis de l’État avec pour commencer, Pierre, le financier, puis Claude, le médecin devenu architecte et enfin lui-même, futur contrôleur des bâtiments du Roi, futur Chancelier de l’Académie française et, incidemment, auteur d’une poignée de Contes en vers et en prose, à plus de soixante-cinq ans.
Au sein de cette cellule familiale soudée, on pratique une certaine indépendance de pensée et on cultive l’esprit de famille. Son père, avocat au parlement de Paris, est proche des milieux jansénistes, tout comme son frère Nicolas, qui sera docteur en Sorbonne et participera aux querelles théologiques entre Jésuites et jansénistes en prenant le parti d’Antoine Arnauld, le chef de file des jansénistes. Comme beaucoup de fils de parlementaires de cette obédience, Charles est envoyé au collège de Beauvais, un des hauts lieux de l’éducation janséniste au Quartier Latin. Ce collège est voisin du collège de Presles qui garde le souvenir de la personnalité de Pierre de la Ramée.
Charles a alors huit ans et demi et sa mère (Paquette Leclerc) a préalablement pris soin de lui apprendre les rudiments, comme il le rappelle lui-même avec affection dans ses Mémoires écrites au soir de sa vie. Son père prend le relais lorsque le garçon rentre du collège. Après le souper, il veille à ce que son benjamin lui résume en substance ce qu’il a appris, le tout en latin, cela s’entend.
Après une sixième un peu difficile parce qu’il ne sait pas encore bien lire, Charles devient un des premiers de sa classe. Il se félicite d’avoir toujours échappé au fouet, ce qui semble effectivement exceptionnel. Il a de la facilité pour la rédaction en vers et excelle dans les disputes philosophiques. Il en tire du plaisir, au point d’aimer autant les jours de classe que les jours fériés ! Il fait preuve d’initiative et innove dans ses arguments, contrairement à des condisciples irlandais plus routiniers (nous rapporte-t-il encore). Il acquiert une telle assurance qu’il ne craint pas de s’adresser au maître avec une liberté de langage que personne d’autre n’ose prendre.
Ses talents ne passent pas inaperçus. Son régent ambitionne de lui faire soutenir ses thèses deux ans plus tard. Mais ses parents reculent devant la dépense occasionnée, et le voilà réduit à l’inactivité : il n’a plus le droit de « disputer » en classe. Alors il claque la porte, tout simplement, en compagnie de son ami Beaurain. Le mouvement d’humeur se transforme en décision irrévocable lors d’une promenade au Luxembourg, un jardin récemment créé : les deux camarades décident de ne plus retourner au collège et d’étudier ensemble de manière autonome.
Avec cet ami dont nous ne connaissons pas le prénom, Charles Perrault se plonge avec délices dans l’étude jour après jour pendant trois ou quatre ans, en s’astreignant à un emploi du temps réglé. Beaurain arrive au logis des Perrault à 8 heures, repart à 11 heures, puis revient de 15 heures à 17 heures, après quoi ils se promènent au jardin du Luxembourg, révisent un peu ce faisant, et il arrive que le plus studieux des deux – Beaurain – se remette ensuite au travail. Ils pratiquent la Bible, les Pères de l’Église, l’histoire de France, les classiques latins, lisent Corneille et ses contemporains. Ils mettent au point une méthode pour s’imprégner des œuvres en passant sans cesse du latin au français et en relevant les citations essentielles.
L’exercice de traduction n’a plus rien de rébarbatif et peut même déboucher sur une création originale où le goût des lettres s’allie à l’espièglerie. Les jeunes gens ont vingt ans lorsqu’ils entreprennent de traduire le chant VI de l’Enéide en vers français et en transposant l’univers du poème épique de Virgile dans un environnement beaucoup plus trivial. La mode du burlesque fait alors rage. La gaminerie fait rire même le sérieux Nicolas qui se destine à la théologie et voilà qu’un autre frère, Claude, veut également être de la partie. Une famille cultivée, d’esprit libre, ne remplace-t-elle pas avantageusement l’école, dans ces conditions ?
Charles Perrault, un élève frondeur
Cadet d’une fratrie de cinq frères (et de sept enfants), Charles est porté sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris le 13 janvier 1628, et son parrain n’est autre que son grand frère Pierre. Charles (1628-1703) naît dans une famille bourgeoise qui fournira au roi de grands commis de l’État avec pour commencer, Pierre, le financier, puis Claude, le médecin devenu architecte et enfin lui-même, futur contrôleur des bâtiments du Roi, futur Chancelier de l’Académie française et, incidemment, auteur d’une poignée de Contes en vers et en prose, à plus de soixante-cinq ans.
Au sein de cette cellule familiale soudée, on pratique une certaine indépendance de pensée et on cultive l’esprit de famille. Son père, avocat au parlement de Paris, est proche des milieux jansénistes, tout comme son frère Nicolas, qui sera docteur en Sorbonne et participera aux querelles théologiques entre Jésuites et jansénistes en prenant le parti d’Antoine Arnauld, le chef de file des jansénistes. Comme beaucoup de fils de parlementaires de cette obédience, Charles est envoyé au collège de Beauvais, un des hauts lieux de l’éducation janséniste au Quartier Latin. Ce collège est voisin du collège de Presles qui garde le souvenir de la personnalité de Pierre de la Ramée.
Charles a alors huit ans et demi et sa mère (Paquette Leclerc) a préalablement pris soin de lui apprendre les rudiments, comme il le rappelle lui-même avec affection dans ses Mémoires écrites au soir de sa vie. Son père prend le relais lorsque le garçon rentre du collège. Après le souper, il veille à ce que son benjamin lui résume en substance ce qu’il a appris, le tout en latin, cela s’entend.
Après une sixième un peu difficile parce qu’il ne sait pas encore bien lire, Charles devient un des premiers de sa classe. Il se félicite d’avoir toujours échappé au fouet, ce qui semble effectivement exceptionnel. Il a de la facilité pour la rédaction en vers et excelle dans les disputes philosophiques. Il en tire du plaisir, au point d’aimer autant les jours de classe que les jours fériés ! Il fait preuve d’initiative et innove dans ses arguments, contrairement à des condisciples irlandais plus routiniers (nous rapporte-t-il encore). Il acquiert une telle assurance qu’il ne craint pas de s’adresser au maître avec une liberté de langage que personne d’autre n’ose prendre.
Ses talents ne passent pas inaperçus. Son régent ambitionne de lui faire soutenir ses thèses deux ans plus tard. Mais ses parents reculent devant la dépense occasionnée, et le voilà réduit à l’inactivité : il n’a plus le droit de « disputer » en classe. Alors il claque la porte, tout simplement, en compagnie de son ami Beaurain. Le mouvement d’humeur se transforme en décision irrévocable lors d’une promenade au Luxembourg, un jardin récemment créé : les deux camarades décident de ne plus retourner au collège et d’étudier ensemble de manière autonome.
Avec cet ami dont nous ne connaissons pas le prénom, Charles Perrault se plonge avec délices dans l’étude jour après jour pendant trois ou quatre ans, en s’astreignant à un emploi du temps réglé. Beaurain arrive au logis des Perrault à 8 heures, repart à 11 heures, puis revient de 15 heures à 17 heures, après quoi ils se promènent au jardin du Luxembourg, révisent un peu ce faisant, et il arrive que le plus studieux des deux – Beaurain – se remette ensuite au travail. Ils pratiquent la Bible, les Pères de l’Église, l’histoire de France, les classiques latins, lisent Corneille et ses contemporains. Ils mettent au point une méthode pour s’imprégner des œuvres en passant sans cesse du latin au français et en relevant les citations essentielles.
L’exercice de traduction n’a plus rien de rébarbatif et peut même déboucher sur une création originale où le goût des lettres s’allie à l’espièglerie. Les jeunes gens ont vingt ans lorsqu’ils entreprennent de traduire le chant VI de l’Enéide en vers français et en transposant l’univers du poème épique de Virgile dans un environnement beaucoup plus trivial. La mode du burlesque fait alors rage. La gaminerie fait rire même le sérieux Nicolas qui se destine à la théologie et voilà qu’un autre frère, Claude, veut également être de la partie. Une famille cultivée, d’esprit libre, ne remplace-t-elle pas avantageusement l’école, dans ces conditions ?