Chapitre I
L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER
NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS
DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT
BIBLIOTHÈQUE SONORE

Piété enfantine

Selon Érasme, pour devenir un homme pieux, il faut prendre de bonnes habitudes dès l’enfance : participer à la messe, réciter ses prières, faire régulièrement un examen de conscience sont des signes de piété enfantine au même titre que travailler bien en classe et respecter ses parents. L’enfant apprend les rudiments de la foi chrétienne à l’école paroissiale. Le dernier quart d’heure de la journée est toujours réservé à la récitation du catéchisme, à une instruction pieuse, ou à une lecture spirituelle adaptée à la période de l’année. Pour soustraire leurs enfants à l’enseignement catholique, les Protestants organisent de petites écoles dans des endroits écartés de la ville. Plusieurs arrêts du Parlement, entre autres celui du 6 août 1552, interdisent de tenir les écoles secrettes et buissonnières sans l’autorisation du chantre de l’Église de Paris. En faisant écho à ces pratiques, les polémistes catholiques découragent les parents d’envoyer leurs enfants chez un maître suspect qui risque de les pervertir. L’enfant peut ingurgiter l’ « hérésie » avec l’alphabet et il vaut mieux qu’il soit emporté par la peste que par les idées protestantes !
Les parents ont un devoir de transmettre la foi à leurs enfants, le père rappelant les différents chapitres du catéchisme, la mère montrant les premiers gestes pieux. Cet enseignement domestique se complique si les parents ne sont pas de la même confession. Ce fut le cas de Philippe Duplessis-Mornay, le futur fondateur de l’Académie protestante de Saumur. Enfant déchiré entre la religion calviniste de sa mère et la foi catholique de son père, il choisit finalement la Réforme.
Les livres de spiritualité destinés aux adolescents leur enseignent les vertus chrétiennes et les actes de piété. Les garçons doivent éviter les vices, les mauvaises compagnies et les tentations ; les filles épouser la chasteté, la modestie et la docilité.
La connaissance de la Bible est non moins utile qu’un catéchisme. Si les histoires saintes étaient ignorées, les sermons et les discours de piété n’auraient aucun attrait pour enfants. L’enseignement religieux doit néanmoins rester bref et simple. Les abrégés des histoires bibliques présentent les vies des personnages de l’Ancien Testament pour donner aux jeunes lecteurs des exemples de vertus et de vices. Les exemples frappent l’imagination enfantine plus que les principes abstraits de la foi. Ces histoires sont rédigées dans un style familier pour que les enfants puissent les lire comme si c’étaient des contes.
Dans les collèges latins, les jeunes garçons doivent toujours s’adonner à la piété tout en poursuivant la quête de la sagesse et de l’éloquence. Melanchthon, le collaborateur de Luther, souhaite former l’intelligence et le caractère des élèves en enseignant les lettres classiques éclairées par la religion. On lit les auteurs latins en évitant les passages les moins décents comme Ulysse passant devant les Sirènes - en se bouchant les oreilles. La finalité de l’enseignement dans le Gymnase de Jean Sturm à Strasbourg est l’acquisition d’une piété sage et éloquente. L’objectif est de devenir un bon « humaniste », mais aussi un bon chrétien.


Les humanistes et les Protestants insistent sur l’importance d’enseigner la piété aux enfants dès le plus jeune âge.
J. B. Paravicinus, Portrait de Luther et seize petits sujets relatifs à la vie du réformateur, XVIe s. © BnF/Gallica

Selon les Protestants, il est impossible de croire sans être instruit. Martin Luther est le premier à vouloir s’adapter et se mettre au niveau de la compréhension et de la sensibilité enfantine. Jean Calvin propose un catéchisme pour enfants en forme de questions et de réponses qui permet de mieux mémoriser le contenu.
Jean Calvin, Catechisme latin-françois, c’est à dire le formulaire d’instruire les enfans en la chrestienté, fait en maniere de dialogue, où le ministre interrogue et l’enfant respond, Genève, F. Perrin pour J. Durant, 1570 © Bibliothèque de Genève / e-rara

René Flacé, le curé de la Couture dans les faubourgs du Mans, épris de culture humaniste, écrit pour les enfants qu’il instruit un catéchisme catholique rimé ! Un disciple interroge son maître sur le chemin à prendre et ce dernier lui répond patiemment.
René Flacé, Catéchisme catholique et Sommaire de la doctrine chrétienne, mis en latin et tourné en françois, par Me René Flacé, curé de la Coulture et forsbourgs du Mans, Le Mans, M. Chalumeau, 1576 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW).
Ce livre a été numérisé dans le cadre du projet “Bibliothèques humanistes ligériennes” - Equipex Biblissima (BVH).

Le Paradis des Enfants d’un auteur jésuite fut l’un des livres les plus utilisés dans les petites écoles pour enseigner la piété aux écoliers pour qu’ils gagnent le paradis. Le livre explique le rapport des enfants aux mystères de la foi.
Philippe de Berlaymont, Paradisus puerorum, Cologne, Agrippina, 1619 © Bayerischen Staatsbibliothek

C’est souvent l’enfant qui bénit les repas familiaux.
« Concordia », dans Recueil d’estampes allégoriques, s.l., s.n., XVIe s. © BnF/Gallica

Les enfants sont perçus tantôt comme des être innocents, tantôt comme des êtres qu’il faut extirper au péché originel à l’aide de l’instruction religieuse dispensée à la maison, à l’école et à l’église.
Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse en la piété chrétienne, tirée de l’Ecriture Sainte et des Saints Pères, Paris, F. Le Cointe, 1655 (illustration liminaire) © BnF/Gallica

L’instruction spirituelle pour les filles est dérivée de celle des garçons, comme le montre cet ouvrage.
Charles Gobinet, Instruction chrétienne des jeunes filles instruites dans les écoles religions, et pensions, tirée pour la plus grande partie du livre de l’instruction de la jeunesse fait par Mr Gobinet. Pour servir à la lecture Françoise dans les écoles et pensions, Paris, F. Le Cointe, U. Coustelier, 1687 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)

Un livre de piété à bas prix est souvent le seul ouvrage que possède l’enfant issu d’une famille moins aisée. Il se l’approprie en y apposant sa signature maladroite, en écrivant sur les marges ou en dessinant dessus. Cet Abrégé est signé par une enfant : « Henriette Poirier ». Offert par ses parents, plein d’histoires qui frappent l’imagination, est-il devenu son livre préféré ?
Abregé de l’histoire de la Sainte Bible, et de ce qui s’est passé de plus remarquable parmi le peuple de Dieu, pour l’instruction de la jeunesse, et des fideles du diocese du Mans. Par un prêtre du diocèse du Mans, Le Mans, F. le Barbier, XVIIIe s. © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)

Piété enfantine

Selon Érasme, pour devenir un homme pieux, il faut prendre de bonnes habitudes dès l’enfance : participer à la messe, réciter ses prières, faire régulièrement un examen de conscience sont des signes de piété enfantine au même titre que travailler bien en classe et respecter ses parents. L’enfant apprend les rudiments de la foi chrétienne à l’école paroissiale. Le dernier quart d’heure de la journée est toujours réservé à la récitation du catéchisme, à une instruction pieuse, ou à une lecture spirituelle adaptée à la période de l’année. Pour soustraire leurs enfants à l’enseignement catholique, les Protestants organisent de petites écoles dans des endroits écartés de la ville. Plusieurs arrêts du Parlement, entre autres celui du 6 août 1552, interdisent de tenir les écoles secrettes et buissonnières sans l’autorisation du chantre de l’Église de Paris. En faisant écho à ces pratiques, les polémistes catholiques découragent les parents d’envoyer leurs enfants chez un maître suspect qui risque de les pervertir. L’enfant peut ingurgiter l’ « hérésie » avec l’alphabet et il vaut mieux qu’il soit emporté par la peste que par les idées protestantes !
Les parents ont un devoir de transmettre la foi à leurs enfants, le père rappelant les différents chapitres du catéchisme, la mère montrant les premiers gestes pieux. Cet enseignement domestique se complique si les parents ne sont pas de la même confession. Ce fut le cas de Philippe Duplessis-Mornay, le futur fondateur de l’Académie protestante de Saumur. Enfant déchiré entre la religion calviniste de sa mère et la foi catholique de son père, il choisit finalement la Réforme.
Les livres de spiritualité destinés aux adolescents leur enseignent les vertus chrétiennes et les actes de piété. Les garçons doivent éviter les vices, les mauvaises compagnies et les tentations ; les filles épouser la chasteté, la modestie et la docilité.
La connaissance de la Bible est non moins utile qu’un catéchisme. Si les histoires saintes étaient ignorées, les sermons et les discours de piété n’auraient aucun attrait pour enfants. L’enseignement religieux doit néanmoins rester bref et simple. Les abrégés des histoires bibliques présentent les vies des personnages de l’Ancien Testament pour donner aux jeunes lecteurs des exemples de vertus et de vices. Les exemples frappent l’imagination enfantine plus que les principes abstraits de la foi. Ces histoires sont rédigées dans un style familier pour que les enfants puissent les lire comme si c’étaient des contes.
Dans les collèges latins, les jeunes garçons doivent toujours s’adonner à la piété tout en poursuivant la quête de la sagesse et de l’éloquence. Melanchthon, le collaborateur de Luther, souhaite former l’intelligence et le caractère des élèves en enseignant les lettres classiques éclairées par la religion. On lit les auteurs latins en évitant les passages les moins décents comme Ulysse passant devant les Sirènes - en se bouchant les oreilles. La finalité de l’enseignement dans le Gymnase de Jean Sturm à Strasbourg est l’acquisition d’une piété sage et éloquente. L’objectif est de devenir un bon « humaniste », mais aussi un bon chrétien.


Les humanistes et les Protestants insistent sur l’importance d’enseigner la piété aux enfants dès le plus jeune âge.
J. B. Paravicinus, Portrait de Luther et seize petits sujets relatifs à la vie du réformateur, XVIe s. © BnF/Gallica

Selon les Protestants, il est impossible de croire sans être instruit. Martin Luther est le premier à vouloir s’adapter et se mettre au niveau de la compréhension et de la sensibilité enfantine. Jean Calvin propose un catéchisme pour enfants en forme de questions et de réponses qui permet de mieux mémoriser le contenu.
Jean Calvin, Catechisme latin-françois, c’est à dire le formulaire d’instruire les enfans en la chrestienté, fait en maniere de dialogue, où le ministre interrogue et l’enfant respond, Genève, F. Perrin pour J. Durant, 1570 © Bibliothèque de Genève / e-rara

René Flacé, le curé de la Couture dans les faubourgs du Mans, épris de culture humaniste, écrit pour les enfants qu’il instruit un catéchisme catholique rimé ! Un disciple interroge son maître sur le chemin à prendre et ce dernier lui répond patiemment.
René Flacé, Catéchisme catholique et Sommaire de la doctrine chrétienne, mis en latin et tourné en françois, par Me René Flacé, curé de la Coulture et forsbourgs du Mans, Le Mans, M. Chalumeau, 1576 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW).
Ce livre a été numérisé dans le cadre du projet “Bibliothèques humanistes ligériennes” - Equipex Biblissima (BVH).

Le Paradis des Enfants d’un auteur jésuite fut l’un des livres les plus utilisés dans les petites écoles pour enseigner la piété aux écoliers pour qu’ils gagnent le paradis. Le livre explique le rapport des enfants aux mystères de la foi.
Philippe de Berlaymont, Paradisus puerorum, Cologne, Agrippina, 1619 © Bayerischen Staatsbibliothek

C’est souvent l’enfant qui bénit les repas familiaux.
« Concordia », dans Recueil d’estampes allégoriques, s.l., s.n., XVIe s. © BnF/Gallica

Les enfants sont perçus tantôt comme des être innocents, tantôt comme des êtres qu’il faut extirper au péché originel à l’aide de l’instruction religieuse dispensée à la maison, à l’école et à l’église.
Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse en la piété chrétienne, tirée de l’Ecriture Sainte et des Saints Pères, Paris, F. Le Cointe, 1655 (illustration liminaire) © BnF/Gallica

L’instruction spirituelle pour les filles est dérivée de celle des garçons, comme le montre cet ouvrage.
Charles Gobinet, Instruction chrétienne des jeunes filles instruites dans les écoles religions, et pensions, tirée pour la plus grande partie du livre de l’instruction de la jeunesse fait par Mr Gobinet. Pour servir à la lecture Françoise dans les écoles et pensions, Paris, F. Le Cointe, U. Coustelier, 1687 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)

Un livre de piété à bas prix est souvent le seul ouvrage que possède l’enfant issu d’une famille moins aisée. Il se l’approprie en y apposant sa signature maladroite, en écrivant sur les marges ou en dessinant dessus. Cet Abrégé est signé par une enfant : « Henriette Poirier ». Offert par ses parents, plein d’histoires qui frappent l’imagination, est-il devenu son livre préféré ?
Abregé de l’histoire de la Sainte Bible, et de ce qui s’est passé de plus remarquable parmi le peuple de Dieu, pour l’instruction de la jeunesse, et des fideles du diocese du Mans. Par un prêtre du diocèse du Mans, Le Mans, F. le Barbier, XVIIIe s. © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)

Piété enfantine

Selon Érasme, pour devenir un homme pieux, il faut prendre de bonnes habitudes dès l’enfance : participer à la messe, réciter ses prières, faire régulièrement un examen de conscience sont des signes de piété enfantine au même titre que travailler bien en classe et respecter ses parents. L’enfant apprend les rudiments de la foi chrétienne à l’école paroissiale. Le dernier quart d’heure de la journée est toujours réservé à la récitation du catéchisme, à une instruction pieuse, ou à une lecture spirituelle adaptée à la période de l’année. Pour soustraire leurs enfants à l’enseignement catholique, les Protestants organisent de petites écoles dans des endroits écartés de la ville. Plusieurs arrêts du Parlement, entre autres celui du 6 août 1552, interdisent de tenir les écoles secrettes et buissonnières sans l’autorisation du chantre de l’Église de Paris. En faisant écho à ces pratiques, les polémistes catholiques découragent les parents d’envoyer leurs enfants chez un maître suspect qui risque de les pervertir. L’enfant peut ingurgiter l’ « hérésie » avec l’alphabet et il vaut mieux qu’il soit emporté par la peste que par les idées protestantes !
Les parents ont un devoir de transmettre la foi à leurs enfants, le père rappelant les différents chapitres du catéchisme, la mère montrant les premiers gestes pieux. Cet enseignement domestique se complique si les parents ne sont pas de la même confession. Ce fut le cas de Philippe Duplessis-Mornay, le futur fondateur de l’Académie protestante de Saumur. Enfant déchiré entre la religion calviniste de sa mère et la foi catholique de son père, il choisit finalement la Réforme.
Les livres de spiritualité destinés aux adolescents leur enseignent les vertus chrétiennes et les actes de piété. Les garçons doivent éviter les vices, les mauvaises compagnies et les tentations ; les filles épouser la chasteté, la modestie et la docilité.
La connaissance de la Bible est non moins utile qu’un catéchisme. Si les histoires saintes étaient ignorées, les sermons et les discours de piété n’auraient aucun attrait pour enfants. L’enseignement religieux doit néanmoins rester bref et simple. Les abrégés des histoires bibliques présentent les vies des personnages de l’Ancien Testament pour donner aux jeunes lecteurs des exemples de vertus et de vices. Les exemples frappent l’imagination enfantine plus que les principes abstraits de la foi. Ces histoires sont rédigées dans un style familier pour que les enfants puissent les lire comme si c’étaient des contes.
Dans les collèges latins, les jeunes garçons doivent toujours s’adonner à la piété tout en poursuivant la quête de la sagesse et de l’éloquence. Melanchthon, le collaborateur de Luther, souhaite former l’intelligence et le caractère des élèves en enseignant les lettres classiques éclairées par la religion. On lit les auteurs latins en évitant les passages les moins décents comme Ulysse passant devant les Sirènes - en se bouchant les oreilles. La finalité de l’enseignement dans le Gymnase de Jean Sturm à Strasbourg est l’acquisition d’une piété sage et éloquente. L’objectif est de devenir un bon « humaniste », mais aussi un bon chrétien.


Les humanistes et les Protestants insistent sur l’importance d’enseigner la piété aux enfants dès le plus jeune âge.
J. B. Paravicinus, Portrait de Luther et seize petits sujets relatifs à la vie du réformateur, XVIe s. © BnF/Gallica

Selon les Protestants, il est impossible de croire sans être instruit. Martin Luther est le premier à vouloir s’adapter et se mettre au niveau de la compréhension et de la sensibilité enfantine. Jean Calvin propose un catéchisme pour enfants en forme de questions et de réponses qui permet de mieux mémoriser le contenu.
Jean Calvin, Catechisme latin-françois, c’est à dire le formulaire d’instruire les enfans en la chrestienté, fait en maniere de dialogue, où le ministre interrogue et l’enfant respond, Genève, F. Perrin pour J. Durant, 1570 © Bibliothèque de Genève / e-rara

René Flacé, le curé de la Couture dans les faubourgs du Mans, épris de culture humaniste, écrit pour les enfants qu’il instruit un catéchisme catholique rimé ! Un disciple interroge son maître sur le chemin à prendre et ce dernier lui répond patiemment.
René Flacé, Catéchisme catholique et Sommaire de la doctrine chrétienne, mis en latin et tourné en françois, par Me René Flacé, curé de la Coulture et forsbourgs du Mans, Le Mans, M. Chalumeau, 1576 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW).
Ce livre a été numérisé dans le cadre du projet “Bibliothèques humanistes ligériennes” - Equipex Biblissima (BVH).

Le Paradis des Enfants d’un auteur jésuite fut l’un des livres les plus utilisés dans les petites écoles pour enseigner la piété aux écoliers pour qu’ils gagnent le paradis. Le livre explique le rapport des enfants aux mystères de la foi.
Philippe de Berlaymont, Paradisus puerorum, Cologne, Agrippina, 1619 © Bayerischen Staatsbibliothek

C’est souvent l’enfant qui bénit les repas familiaux.
« Concordia », dans Recueil d’estampes allégoriques, s.l., s.n., XVIe s. © BnF/Gallica

Les enfants sont perçus tantôt comme des être innocents, tantôt comme des êtres qu’il faut extirper au péché originel à l’aide de l’instruction religieuse dispensée à la maison, à l’école et à l’église.
Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse en la piété chrétienne, tirée de l’Ecriture Sainte et des Saints Pères, Paris, F. Le Cointe, 1655 (illustration liminaire) © BnF/Gallica

L’instruction spirituelle pour les filles est dérivée de celle des garçons, comme le montre cet ouvrage.
Charles Gobinet, Instruction chrétienne des jeunes filles instruites dans les écoles religions, et pensions, tirée pour la plus grande partie du livre de l’instruction de la jeunesse fait par Mr Gobinet. Pour servir à la lecture Françoise dans les écoles et pensions, Paris, F. Le Cointe, U. Coustelier, 1687 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)

Un livre de piété à bas prix est souvent le seul ouvrage que possède l’enfant issu d’une famille moins aisée. Il se l’approprie en y apposant sa signature maladroite, en écrivant sur les marges ou en dessinant dessus. Cet Abrégé est signé par une enfant : « Henriette Poirier ». Offert par ses parents, plein d’histoires qui frappent l’imagination, est-il devenu son livre préféré ?
Abregé de l’histoire de la Sainte Bible, et de ce qui s’est passé de plus remarquable parmi le peuple de Dieu, pour l’instruction de la jeunesse, et des fideles du diocese du Mans. Par un prêtre du diocèse du Mans, Le Mans, F. le Barbier, XVIIIe s. © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)


Piété enfantine

Selon Érasme, pour devenir un homme pieux, il faut prendre de bonnes habitudes dès l’enfance : participer à la messe, réciter ses prières, faire régulièrement un examen de conscience sont des signes de piété enfantine au même titre que travailler bien en classe et respecter ses parents. L’enfant apprend les rudiments de la foi chrétienne à l’école paroissiale. Le dernier quart d’heure de la journée est toujours réservé à la récitation du catéchisme, à une instruction pieuse, ou à une lecture spirituelle adaptée à la période de l’année. Pour soustraire leurs enfants à l’enseignement catholique, les Protestants organisent de petites écoles dans des endroits écartés de la ville. Plusieurs arrêts du Parlement, entre autres celui du 6 août 1552, interdisent de tenir les écoles secrettes et buissonnières sans l’autorisation du chantre de l’Église de Paris. En faisant écho à ces pratiques, les polémistes catholiques découragent les parents d’envoyer leurs enfants chez un maître suspect qui risque de les pervertir. L’enfant peut ingurgiter l’ « hérésie » avec l’alphabet et il vaut mieux qu’il soit emporté par la peste que par les idées protestantes !
Les parents ont un devoir de transmettre la foi à leurs enfants, le père rappelant les différents chapitres du catéchisme, la mère montrant les premiers gestes pieux. Cet enseignement domestique se complique si les parents ne sont pas de la même confession. Ce fut le cas de Philippe Duplessis-Mornay, le futur fondateur de l’Académie protestante de Saumur. Enfant déchiré entre la religion calviniste de sa mère et la foi catholique de son père, il choisit finalement la Réforme.
Les livres de spiritualité destinés aux adolescents leur enseignent les vertus chrétiennes et les actes de piété. Les garçons doivent éviter les vices, les mauvaises compagnies et les tentations ; les filles épouser la chasteté, la modestie et la docilité.
La connaissance de la Bible est non moins utile qu’un catéchisme. Si les histoires saintes étaient ignorées, les sermons et les discours de piété n’auraient aucun attrait pour enfants. L’enseignement religieux doit néanmoins rester bref et simple. Les abrégés des histoires bibliques présentent les vies des personnages de l’Ancien Testament pour donner aux jeunes lecteurs des exemples de vertus et de vices. Les exemples frappent l’imagination enfantine plus que les principes abstraits de la foi. Ces histoires sont rédigées dans un style familier pour que les enfants puissent les lire comme si c’étaient des contes.
Dans les collèges latins, les jeunes garçons doivent toujours s’adonner à la piété tout en poursuivant la quête de la sagesse et de l’éloquence. Melanchthon, le collaborateur de Luther, souhaite former l’intelligence et le caractère des élèves en enseignant les lettres classiques éclairées par la religion. On lit les auteurs latins en évitant les passages les moins décents comme Ulysse passant devant les Sirènes - en se bouchant les oreilles. La finalité de l’enseignement dans le Gymnase de Jean Sturm à Strasbourg est l’acquisition d’une piété sage et éloquente. L’objectif est de devenir un bon « humaniste », mais aussi un bon chrétien.


Les humanistes et les Protestants insistent sur l’importance d’enseigner la piété aux enfants dès le plus jeune âge.
J. B. Paravicinus, Portrait de Luther et seize petits sujets relatifs à la vie du réformateur, XVIe s. © BnF/Gallica

Selon les Protestants, il est impossible de croire sans être instruit. Martin Luther est le premier à vouloir s’adapter et se mettre au niveau de la compréhension et de la sensibilité enfantine. Jean Calvin propose un catéchisme pour enfants en forme de questions et de réponses qui permet de mieux mémoriser le contenu.
Jean Calvin, Catechisme latin-françois, c’est à dire le formulaire d’instruire les enfans en la chrestienté, fait en maniere de dialogue, où le ministre interrogue et l’enfant respond, Genève, F. Perrin pour J. Durant, 1570 © Bibliothèque de Genève / e-rara

René Flacé, le curé de la Couture dans les faubourgs du Mans, épris de culture humaniste, écrit pour les enfants qu’il instruit un catéchisme catholique rimé ! Un disciple interroge son maître sur le chemin à prendre et ce dernier lui répond patiemment.
René Flacé, Catéchisme catholique et Sommaire de la doctrine chrétienne, mis en latin et tourné en françois, par Me René Flacé, curé de la Coulture et forsbourgs du Mans, Le Mans, M. Chalumeau, 1576 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW).
Ce livre a été numérisé dans le cadre du projet “Bibliothèques humanistes ligériennes” - Equipex Biblissima (BVH).

Le Paradis des Enfants d’un auteur jésuite fut l’un des livres les plus utilisés dans les petites écoles pour enseigner la piété aux écoliers pour qu’ils gagnent le paradis. Le livre explique le rapport des enfants aux mystères de la foi.
Philippe de Berlaymont, Paradisus puerorum, Cologne, Agrippina, 1619 © Bayerischen Staatsbibliothek

C’est souvent l’enfant qui bénit les repas familiaux.
« Concordia », dans Recueil d’estampes allégoriques, s.l., s.n., XVIe s. © BnF/Gallica

Les enfants sont perçus tantôt comme des être innocents, tantôt comme des êtres qu’il faut extirper au péché originel à l’aide de l’instruction religieuse dispensée à la maison, à l’école et à l’église.
Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse en la piété chrétienne, tirée de l’Ecriture Sainte et des Saints Pères, Paris, F. Le Cointe, 1655 (illustration liminaire) © BnF/Gallica

L’instruction spirituelle pour les filles est dérivée de celle des garçons, comme le montre cet ouvrage.
Charles Gobinet, Instruction chrétienne des jeunes filles instruites dans les écoles religions, et pensions, tirée pour la plus grande partie du livre de l’instruction de la jeunesse fait par Mr Gobinet. Pour servir à la lecture Françoise dans les écoles et pensions, Paris, F. Le Cointe, U. Coustelier, 1687 © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)

Un livre de piété à bas prix est souvent le seul ouvrage que possède l’enfant issu d’une famille moins aisée. Il se l’approprie en y apposant sa signature maladroite, en écrivant sur les marges ou en dessinant dessus. Cet Abrégé est signé par une enfant : « Henriette Poirier ». Offert par ses parents, plein d’histoires qui frappent l’imagination, est-il devenu son livre préféré ?
Abregé de l’histoire de la Sainte Bible, et de ce qui s’est passé de plus remarquable parmi le peuple de Dieu, pour l’instruction de la jeunesse, et des fideles du diocese du Mans. Par un prêtre du diocèse du Mans, Le Mans, F. le Barbier, XVIIIe s. © Médiathèque Louis Aragon, Le Mans (Photo : NW)
