Chapitre I
L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER
NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS
DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT
BIBLIOTHÈQUE SONORE

L'instruction des filles

Les traités pédagogiques de la Renaissance parlent des garçons. Qu’en est-il des filles ? Les humanistes semblent soutenir la cause de leur éducation. Mais de quelle éducation s’agit-il ? En 1523, Juan Luis Vivès consacre à cette question un traité intitulé L’Institution de la femme chrétienne. Il le dédie à Catherine d’Aragon, reine d’Angleterre, ce qui lui vaut une double récompense. Il reçoit la charge de professeur d’humanités au collège Corpus Christi à Oxford qui vient d’être fondé et celle de précepteur de la petite Marie Tudor, une enfant précoce et douée pour l’étude. Il s’en occupera tellement bien que la princesse étonnera les délégations étrangères par ses connaissances et par son jeu au clavecin.
L’éducation d’une princesse à qui l’on donne le plein accès à la culture est une exception. Le programme d’éducation pour les filles de moins haut rang que Vivès propose dans son ouvrage est moins libéral. L’instruction doit permettre aux filles de devenir de bonnes épouses et de bonnes mères. À l’âge de raison, la fille apprend à lire ses heures, à réciter les dix commandements, à coudre, à se rendre utile à la maison, à faire la cuisine, à cultiver le jardin potager. Ce sont les vertus – la prudence, la diligence, la chasteté – qui doivent l’orner et non les bijoux. La lecture n’est pas à exclure ; elle occupe l’esprit et apprend à distinguer le vice de la vertu. En tout cas, elle est moins dangereuse pour une fille que la danse ou les jeux. Il faut cependant éviter les livres d’amour et de guerre et choisir des livres salutaires. Le latin, langue donnant accès aux savoirs, n’est pas recommandée aux filles, pas plus que la culture classique, dans laquelle baignent les garçons fréquentant les collèges.


Dans le prologue de son œuvre, Juan Luis Vivès constate qu’il est temps d’écrire sur l’éducation des femmes, car tous les écrits que l’on a consacré à leur sujet touchaient aux choses saintes et divines, et non à la vie pratique. Il commence son traité par l’instruction d’une « honnête pucelle », mais parle aussi d’une femme mariée (« bonne matrone ») et d’une veuve. Ses règles de comportement sont succinctes pour que la lectrice puisse les comprendre et les réciter. L’ouvrage est traduit en langues vernaculaires pour servir aux femmes qui ne connaissent pas le latin.
Ioannis Lodovici Vivis Valentini de Institutione foeminae christianae, Bâle, R. Winter, 1538 © Bayerische StaatBibliothek


Certes, la lecture peut rendre les filles oisives, mais le vrai danger pour leur vertu vient de la danse, de la chanson et des jeux. Le jeu d’échecs, imitant une stratégique militaire, n’est pas considéré comme un passe-temps féminin. Cette joyeuse scène d’une partie d’échecs entre deux sœurs est peinte par Sofonisba Anguissola, une peintre italienne reconnue, qui grandit dans une famille noble empreinte des idéaux d’une éducation égalitaire.
Sofonisba Anguissola, La partie d’échecs, 1555 © Muzeum Narodowe, Poznan (WGA)


Selon un lieu commun de l’époque peu flatteur, les jeunes filles sont des lectrices de poésie amoureuse et de nouvelles grivoises. Néanmoins, la lecture d’auteurs modernes peut devenir pour une femme un geste d’émancipation. Cette jeune fille au regard effronté lit les poèmes de Pétrarque.
Andrea del Sarto, Dama col Petrarchino, 1528 © Gallerie degli Uffizi (WGA)

L'instruction des filles

Les traités pédagogiques de la Renaissance parlent des garçons. Qu’en est-il des filles ? Les humanistes semblent soutenir la cause de leur éducation. Mais de quelle éducation s’agit-il ? En 1523, Juan Luis Vivès consacre à cette question un traité intitulé L’Institution de la femme chrétienne. Il le dédie à Catherine d’Aragon, reine d’Angleterre, ce qui lui vaut une double récompense. Il reçoit la charge de professeur d’humanités au collège Corpus Christi à Oxford qui vient d’être fondé et celle de précepteur de la petite Marie Tudor, une enfant précoce et douée pour l’étude. Il s’en occupera tellement bien que la princesse étonnera les délégations étrangères par ses connaissances et par son jeu au clavecin.
L’éducation d’une princesse à qui l’on donne le plein accès à la culture est une exception. Le programme d’éducation pour les filles de moins haut rang que Vivès propose dans son ouvrage est moins libéral. L’instruction doit permettre aux filles de devenir de bonnes épouses et de bonnes mères. À l’âge de raison, la fille apprend à lire ses heures, à réciter les dix commandements, à coudre, à se rendre utile à la maison, à faire la cuisine, à cultiver le jardin potager. Ce sont les vertus – la prudence, la diligence, la chasteté – qui doivent l’orner et non les bijoux. La lecture n’est pas à exclure ; elle occupe l’esprit et apprend à distinguer le vice de la vertu. En tout cas, elle est moins dangereuse pour une fille que la danse ou les jeux. Il faut cependant éviter les livres d’amour et de guerre et choisir des livres salutaires. Le latin, langue donnant accès aux savoirs, n’est pas recommandée aux filles, pas plus que la culture classique, dans laquelle baignent les garçons fréquentant les collèges.


Dans le prologue de son œuvre, Juan Luis Vivès constate qu’il est temps d’écrire sur l’éducation des femmes, car tous les écrits que l’on a consacré à leur sujet touchaient aux choses saintes et divines, et non à la vie pratique. Il commence son traité par l’instruction d’une « honnête pucelle », mais parle aussi d’une femme mariée (« bonne matrone ») et d’une veuve. Ses règles de comportement sont succinctes pour que la lectrice puisse les comprendre et les réciter. L’ouvrage est traduit en langues vernaculaires pour servir aux femmes qui ne connaissent pas le latin.
Ioannis Lodovici Vivis Valentini de Institutione foeminae christianae, Bâle, R. Winter, 1538 © Bayerische StaatBibliothek


Certes, la lecture peut rendre les filles oisives, mais le vrai danger pour leur vertu vient de la danse, de la chanson et des jeux. Le jeu d’échecs, imitant une stratégique militaire, n’est pas considéré comme un passe-temps féminin. Cette joyeuse scène d’une partie d’échecs entre deux sœurs est peinte par Sofonisba Anguissola, une peintre italienne reconnue, qui grandit dans une famille noble empreinte des idéaux d’une éducation égalitaire.
Sofonisba Anguissola, La partie d’échecs, 1555 © Muzeum Narodowe, Poznan (WGA)


Selon un lieu commun de l’époque peu flatteur, les jeunes filles sont des lectrices de poésie amoureuse et de nouvelles grivoises. Néanmoins, la lecture d’auteurs modernes peut devenir pour une femme un geste d’émancipation. Cette jeune fille au regard effronté lit les poèmes de Pétrarque.
Andrea del Sarto, Dama col Petrarchino, 1528 © Gallerie degli Uffizi (WGA)

L'instruction des filles

Les traités pédagogiques de la Renaissance parlent des garçons. Qu’en est-il des filles ? Les humanistes semblent soutenir la cause de leur éducation. Mais de quelle éducation s’agit-il ? En 1523, Juan Luis Vivès consacre à cette question un traité intitulé L’Institution de la femme chrétienne. Il le dédie à Catherine d’Aragon, reine d’Angleterre, ce qui lui vaut une double récompense. Il reçoit la charge de professeur d’humanités au collège Corpus Christi à Oxford qui vient d’être fondé et celle de précepteur de la petite Marie Tudor, une enfant précoce et douée pour l’étude. Il s’en occupera tellement bien que la princesse étonnera les délégations étrangères par ses connaissances et par son jeu au clavecin.
L’éducation d’une princesse à qui l’on donne le plein accès à la culture est une exception. Le programme d’éducation pour les filles de moins haut rang que Vivès propose dans son ouvrage est moins libéral. L’instruction doit permettre aux filles de devenir de bonnes épouses et de bonnes mères. À l’âge de raison, la fille apprend à lire ses heures, à réciter les dix commandements, à coudre, à se rendre utile à la maison, à faire la cuisine, à cultiver le jardin potager. Ce sont les vertus – la prudence, la diligence, la chasteté – qui doivent l’orner et non les bijoux. La lecture n’est pas à exclure ; elle occupe l’esprit et apprend à distinguer le vice de la vertu. En tout cas, elle est moins dangereuse pour une fille que la danse ou les jeux. Il faut cependant éviter les livres d’amour et de guerre et choisir des livres salutaires. Le latin, langue donnant accès aux savoirs, n’est pas recommandée aux filles, pas plus que la culture classique, dans laquelle baignent les garçons fréquentant les collèges.


Dans le prologue de son œuvre, Juan Luis Vivès constate qu’il est temps d’écrire sur l’éducation des femmes, car tous les écrits que l’on a consacré à leur sujet touchaient aux choses saintes et divines, et non à la vie pratique. Il commence son traité par l’instruction d’une « honnête pucelle », mais parle aussi d’une femme mariée (« bonne matrone ») et d’une veuve. Ses règles de comportement sont succinctes pour que la lectrice puisse les comprendre et les réciter. L’ouvrage est traduit en langues vernaculaires pour servir aux femmes qui ne connaissent pas le latin.
Ioannis Lodovici Vivis Valentini de Institutione foeminae christianae, Bâle, R. Winter, 1538 © Bayerische StaatBibliothek


Certes, la lecture peut rendre les filles oisives, mais le vrai danger pour leur vertu vient de la danse, de la chanson et des jeux. Le jeu d’échecs, imitant une stratégique militaire, n’est pas considéré comme un passe-temps féminin. Cette joyeuse scène d’une partie d’échecs entre deux sœurs est peinte par Sofonisba Anguissola, une peintre italienne reconnue, qui grandit dans une famille noble empreinte des idéaux d’une éducation égalitaire.
Sofonisba Anguissola, La partie d’échecs, 1555 © Muzeum Narodowe, Poznan (WGA)


Selon un lieu commun de l’époque peu flatteur, les jeunes filles sont des lectrices de poésie amoureuse et de nouvelles grivoises. Néanmoins, la lecture d’auteurs modernes peut devenir pour une femme un geste d’émancipation. Cette jeune fille au regard effronté lit les poèmes de Pétrarque.
Andrea del Sarto, Dama col Petrarchino, 1528 © Gallerie degli Uffizi (WGA)


L'instruction des filles

Les traités pédagogiques de la Renaissance parlent des garçons. Qu’en est-il des filles ? Les humanistes semblent soutenir la cause de leur éducation. Mais de quelle éducation s’agit-il ? En 1523, Juan Luis Vivès consacre à cette question un traité intitulé L’Institution de la femme chrétienne. Il le dédie à Catherine d’Aragon, reine d’Angleterre, ce qui lui vaut une double récompense. Il reçoit la charge de professeur d’humanités au collège Corpus Christi à Oxford qui vient d’être fondé et celle de précepteur de la petite Marie Tudor, une enfant précoce et douée pour l’étude. Il s’en occupera tellement bien que la princesse étonnera les délégations étrangères par ses connaissances et par son jeu au clavecin.
L’éducation d’une princesse à qui l’on donne le plein accès à la culture est une exception. Le programme d’éducation pour les filles de moins haut rang que Vivès propose dans son ouvrage est moins libéral. L’instruction doit permettre aux filles de devenir de bonnes épouses et de bonnes mères. À l’âge de raison, la fille apprend à lire ses heures, à réciter les dix commandements, à coudre, à se rendre utile à la maison, à faire la cuisine, à cultiver le jardin potager. Ce sont les vertus – la prudence, la diligence, la chasteté – qui doivent l’orner et non les bijoux. La lecture n’est pas à exclure ; elle occupe l’esprit et apprend à distinguer le vice de la vertu. En tout cas, elle est moins dangereuse pour une fille que la danse ou les jeux. Il faut cependant éviter les livres d’amour et de guerre et choisir des livres salutaires. Le latin, langue donnant accès aux savoirs, n’est pas recommandée aux filles, pas plus que la culture classique, dans laquelle baignent les garçons fréquentant les collèges.


Dans le prologue de son œuvre, Juan Luis Vivès constate qu’il est temps d’écrire sur l’éducation des femmes, car tous les écrits que l’on a consacré à leur sujet touchaient aux choses saintes et divines, et non à la vie pratique. Il commence son traité par l’instruction d’une « honnête pucelle », mais parle aussi d’une femme mariée (« bonne matrone ») et d’une veuve. Ses règles de comportement sont succinctes pour que la lectrice puisse les comprendre et les réciter. L’ouvrage est traduit en langues vernaculaires pour servir aux femmes qui ne connaissent pas le latin.
Ioannis Lodovici Vivis Valentini de Institutione foeminae christianae, Bâle, R. Winter, 1538 © Bayerische StaatBibliothek


Certes, la lecture peut rendre les filles oisives, mais le vrai danger pour leur vertu vient de la danse, de la chanson et des jeux. Le jeu d’échecs, imitant une stratégique militaire, n’est pas considéré comme un passe-temps féminin. Cette joyeuse scène d’une partie d’échecs entre deux sœurs est peinte par Sofonisba Anguissola, une peintre italienne reconnue, qui grandit dans une famille noble empreinte des idéaux d’une éducation égalitaire.
Sofonisba Anguissola, La partie d’échecs, 1555 © Muzeum Narodowe, Poznan (WGA)


Selon un lieu commun de l’époque peu flatteur, les jeunes filles sont des lectrices de poésie amoureuse et de nouvelles grivoises. Néanmoins, la lecture d’auteurs modernes peut devenir pour une femme un geste d’émancipation. Cette jeune fille au regard effronté lit les poèmes de Pétrarque.
Andrea del Sarto, Dama col Petrarchino, 1528 © Gallerie degli Uffizi (WGA)
