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33 ans, née au Maroc Fragments d’histoire de languesTerrain 4 :: Adultes, 2015-2016. |
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L’alphabétisation ou apprendre à « tout faire » en français
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Renaître en français, et conserver les racines, l’arabeKH n’a pas coupé les liens avec le Maroc, loin de là. Elle y retourne régulièrement avec son mari, tombé amoureux du pays avant de la rencontrer. KH parle beaucoup de sa mère, qu’elle appelle quotidiennement. Elle ne veut pas oublier, ni se faire oublier. Ici, elle dit vouloir avoir l’accent français, là-bas elle veut, comme avant, être marocaine. Cette pluralité marque l’ambivalence et la complexité d’un parcours d’immigration où les ruptures et continuités s’entremêlent et viennent bouleverser l’ordre établi jusqu’à lors. |
Questions de scolarisation (Rapport HCP 2018) Le Maroc connait un fort taux d’analphabétisme et, bien que ce taux se réduise, notamment grâce aux nombreux plans de lutte successivement mis en place depuis les années 2000 (ex : en 2015, 44% de la population n’a jamais fréquenté un établissement scolaire ou est illettré). Les femmes sont les plus touchées, sur les 44% des analphabètes, 57, 9 % sont des femmes. Le taux est plus élevé en fonction de l’âge et le milieu rural. |
Pour compenser ce qu’elle nomme ses « problèmes », c’est-à-dire son analphabétisme, KH explique qu’elle se doit de parler un français parfait, un « français 100% ». Pour elle et pour les autres (son mari, sa belle-mère et tous les Français en général). C’est ainsi que faire les liaisons est pour elle une marque de respect, reprenant à son compte des discours répandus qui dépassent le cadre de l’apprentissage et du discours didactique. Le monde social de l’écrit qui lui était extérieur est fantasmé, l’apprentissage de la langue française est d’autant plus « chargé ». |
La perception de soi et l’oralité de l’arabeEn arabe |
100% KH. À propos de sa belle-sœur « elle voulait que j’avance plus, mais on est en France, par exemple on n’est pas d’origine française, on peut pas savoir la, la langue tout à fait cent pour cent quand même, non ? [rire] » |
Elle est reconnaissante de ce que la France, à travers la figure de son mari, lui apporte. Son désir de « bien » parler, avec l’accent, relève d’un fort attachement à la langue du pays d’accueil dans laquelle elle entre en littératie, doublé d’un manque de légitimité. Sa langue première n’est pas importante, car non savante, non apprise scolairement. Le darija ne « compte » pas, illustrant les discours communs sur cette langue dont l’appellation pose encore question. Les deux langues s’opposent, dans les usages, les représentations, mais KH apprend à composer et à négocier avec ses différentes « casquettes ». Elle revendique le droit à la pluralité, à sa palette identitaire et linguistique. |
L’accent comme marqueur identitaire en français et en arabe le droit à la pluralité« Mais je pourrai pas parler français à cent pour cent avec l’accent quand même, je viens du Maroc » |
Imaginaires plurilingues entre familles et écoles : expériences, parcours, démarches didactiques
- Imaginaires plurilingues entre familles et écoles
- 1. IMALING : problématique, étayages et référents, opérationnalisation du programme
- 2. IMALING : Corpus et analyses : 20 portraits sociolangagiers et analyses transversales
- Présentation générale du Corpus
- 6 Terrains et dispositifs de collecte du Corpus
- Petites notices de contextualisation sociolinguistique pour situer les univers de socialisation
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- Fragments d’histoires de langues en parcours de mobilités migratoires et d’insertion sociale
- Mode d'emploi
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- Des femmes, mères, grand-mères, en parcours d’intégration et d’appropriation du français
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- Étudiants en mobilités migratoires et parcours d’insertion
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- Pour conclure et ouvrir : esquisse d’analyses croisées
- I. Socialisé.e.s dans l’hétérogénéité : des plurilinguismes complexes
- II. Pratiques (de transmission-appropriation) langagières familiales
- III. Histoires de langues, histoires d’écoles
- IV. Des étapes biographiques, des questions sociolangagières tout au long de la vie
- V. Migrant un jour…. Migrant toujours ?... et à propos « d’intégration »
- VI. Regarder autrement, pour faire boule de neige
- 4. IMALING : Mallettes et ressources co-éducatives plurilingues et interculturelles
- Qui sommes-nous ?
33 ans, née au Maroc Fragments d’histoire de languesTerrain 4 :: Adultes, 2015-2016. |
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L’alphabétisation ou apprendre à « tout faire » en français
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Renaître en français, et conserver les racines, l’arabeKH n’a pas coupé les liens avec le Maroc, loin de là. Elle y retourne régulièrement avec son mari, tombé amoureux du pays avant de la rencontrer. KH parle beaucoup de sa mère, qu’elle appelle quotidiennement. Elle ne veut pas oublier, ni se faire oublier. Ici, elle dit vouloir avoir l’accent français, là-bas elle veut, comme avant, être marocaine. Cette pluralité marque l’ambivalence et la complexité d’un parcours d’immigration où les ruptures et continuités s’entremêlent et viennent bouleverser l’ordre établi jusqu’à lors. |
Questions de scolarisation (Rapport HCP 2018) Le Maroc connait un fort taux d’analphabétisme et, bien que ce taux se réduise, notamment grâce aux nombreux plans de lutte successivement mis en place depuis les années 2000 (ex : en 2015, 44% de la population n’a jamais fréquenté un établissement scolaire ou est illettré). Les femmes sont les plus touchées, sur les 44% des analphabètes, 57, 9 % sont des femmes. Le taux est plus élevé en fonction de l’âge et le milieu rural. |
Pour compenser ce qu’elle nomme ses « problèmes », c’est-à-dire son analphabétisme, KH explique qu’elle se doit de parler un français parfait, un « français 100% ». Pour elle et pour les autres (son mari, sa belle-mère et tous les Français en général). C’est ainsi que faire les liaisons est pour elle une marque de respect, reprenant à son compte des discours répandus qui dépassent le cadre de l’apprentissage et du discours didactique. Le monde social de l’écrit qui lui était extérieur est fantasmé, l’apprentissage de la langue française est d’autant plus « chargé ». |
La perception de soi et l’oralité de l’arabeEn arabe |
100% KH. À propos de sa belle-sœur « elle voulait que j’avance plus, mais on est en France, par exemple on n’est pas d’origine française, on peut pas savoir la, la langue tout à fait cent pour cent quand même, non ? [rire] » |
Elle est reconnaissante de ce que la France, à travers la figure de son mari, lui apporte. Son désir de « bien » parler, avec l’accent, relève d’un fort attachement à la langue du pays d’accueil dans laquelle elle entre en littératie, doublé d’un manque de légitimité. Sa langue première n’est pas importante, car non savante, non apprise scolairement. Le darija ne « compte » pas, illustrant les discours communs sur cette langue dont l’appellation pose encore question. Les deux langues s’opposent, dans les usages, les représentations, mais KH apprend à composer et à négocier avec ses différentes « casquettes ». Elle revendique le droit à la pluralité, à sa palette identitaire et linguistique. |
L’accent comme marqueur identitaire en français et en arabe le droit à la pluralité« Mais je pourrai pas parler français à cent pour cent avec l’accent quand même, je viens du Maroc » |
33 ans, née au Maroc Fragments d’histoire de languesTerrain 4 :: Adultes, 2015-2016. |
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L’alphabétisation ou apprendre à « tout faire » en français
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Renaître en français, et conserver les racines, l’arabeKH n’a pas coupé les liens avec le Maroc, loin de là. Elle y retourne régulièrement avec son mari, tombé amoureux du pays avant de la rencontrer. KH parle beaucoup de sa mère, qu’elle appelle quotidiennement. Elle ne veut pas oublier, ni se faire oublier. Ici, elle dit vouloir avoir l’accent français, là-bas elle veut, comme avant, être marocaine. Cette pluralité marque l’ambivalence et la complexité d’un parcours d’immigration où les ruptures et continuités s’entremêlent et viennent bouleverser l’ordre établi jusqu’à lors. |
Questions de scolarisation (Rapport HCP 2018) Le Maroc connait un fort taux d’analphabétisme et, bien que ce taux se réduise, notamment grâce aux nombreux plans de lutte successivement mis en place depuis les années 2000 (ex : en 2015, 44% de la population n’a jamais fréquenté un établissement scolaire ou est illettré). Les femmes sont les plus touchées, sur les 44% des analphabètes, 57, 9 % sont des femmes. Le taux est plus élevé en fonction de l’âge et le milieu rural. |
Pour compenser ce qu’elle nomme ses « problèmes », c’est-à-dire son analphabétisme, KH explique qu’elle se doit de parler un français parfait, un « français 100% ». Pour elle et pour les autres (son mari, sa belle-mère et tous les Français en général). C’est ainsi que faire les liaisons est pour elle une marque de respect, reprenant à son compte des discours répandus qui dépassent le cadre de l’apprentissage et du discours didactique. Le monde social de l’écrit qui lui était extérieur est fantasmé, l’apprentissage de la langue française est d’autant plus « chargé ». |
La perception de soi et l’oralité de l’arabeEn arabe |
100% KH. À propos de sa belle-sœur « elle voulait que j’avance plus, mais on est en France, par exemple on n’est pas d’origine française, on peut pas savoir la, la langue tout à fait cent pour cent quand même, non ? [rire] » |
Elle est reconnaissante de ce que la France, à travers la figure de son mari, lui apporte. Son désir de « bien » parler, avec l’accent, relève d’un fort attachement à la langue du pays d’accueil dans laquelle elle entre en littératie, doublé d’un manque de légitimité. Sa langue première n’est pas importante, car non savante, non apprise scolairement. Le darija ne « compte » pas, illustrant les discours communs sur cette langue dont l’appellation pose encore question. Les deux langues s’opposent, dans les usages, les représentations, mais KH apprend à composer et à négocier avec ses différentes « casquettes ». Elle revendique le droit à la pluralité, à sa palette identitaire et linguistique. |
L’accent comme marqueur identitaire en français et en arabe le droit à la pluralité« Mais je pourrai pas parler français à cent pour cent avec l’accent quand même, je viens du Maroc » |
33 ans, née au Maroc Fragments d’histoire de languesTerrain 4 :: Adultes, 2015-2016. |
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L’alphabétisation ou apprendre à « tout faire » en français
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Renaître en français, et conserver les racines, l’arabeKH n’a pas coupé les liens avec le Maroc, loin de là. Elle y retourne régulièrement avec son mari, tombé amoureux du pays avant de la rencontrer. KH parle beaucoup de sa mère, qu’elle appelle quotidiennement. Elle ne veut pas oublier, ni se faire oublier. Ici, elle dit vouloir avoir l’accent français, là-bas elle veut, comme avant, être marocaine. Cette pluralité marque l’ambivalence et la complexité d’un parcours d’immigration où les ruptures et continuités s’entremêlent et viennent bouleverser l’ordre établi jusqu’à lors. |
Questions de scolarisation (Rapport HCP 2018) Le Maroc connait un fort taux d’analphabétisme et, bien que ce taux se réduise, notamment grâce aux nombreux plans de lutte successivement mis en place depuis les années 2000 (ex : en 2015, 44% de la population n’a jamais fréquenté un établissement scolaire ou est illettré). Les femmes sont les plus touchées, sur les 44% des analphabètes, 57, 9 % sont des femmes. Le taux est plus élevé en fonction de l’âge et le milieu rural. |
Pour compenser ce qu’elle nomme ses « problèmes », c’est-à-dire son analphabétisme, KH explique qu’elle se doit de parler un français parfait, un « français 100% ». Pour elle et pour les autres (son mari, sa belle-mère et tous les Français en général). C’est ainsi que faire les liaisons est pour elle une marque de respect, reprenant à son compte des discours répandus qui dépassent le cadre de l’apprentissage et du discours didactique. Le monde social de l’écrit qui lui était extérieur est fantasmé, l’apprentissage de la langue française est d’autant plus « chargé ». |
La perception de soi et l’oralité de l’arabeEn arabe |
100% KH. À propos de sa belle-sœur « elle voulait que j’avance plus, mais on est en France, par exemple on n’est pas d’origine française, on peut pas savoir la, la langue tout à fait cent pour cent quand même, non ? [rire] » |
Elle est reconnaissante de ce que la France, à travers la figure de son mari, lui apporte. Son désir de « bien » parler, avec l’accent, relève d’un fort attachement à la langue du pays d’accueil dans laquelle elle entre en littératie, doublé d’un manque de légitimité. Sa langue première n’est pas importante, car non savante, non apprise scolairement. Le darija ne « compte » pas, illustrant les discours communs sur cette langue dont l’appellation pose encore question. Les deux langues s’opposent, dans les usages, les représentations, mais KH apprend à composer et à négocier avec ses différentes « casquettes ». Elle revendique le droit à la pluralité, à sa palette identitaire et linguistique. |
L’accent comme marqueur identitaire en français et en arabe le droit à la pluralité« Mais je pourrai pas parler français à cent pour cent avec l’accent quand même, je viens du Maroc » |