ACCUEIL À PROPOS CRÉDITSGALERIEMOTS-CLEFSLOISIRS

V. Migrant un jour…. Migrant toujours ?... et à propos « d’intégration »

L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER

NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS

DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT

BIBLIOTHÈQUE SONORE

Des dynamiques et questions sociolangagières tout au long de la vie, des freins et leviers expérientiels de l’intégration linguistique ?

5.1 L’intégration donc l’assimilation linguistique ?

  • Intégration = assimilation, cette association apparait dans les discours comme une évidence, dont découle l’évidence de non-transmission, et on voit bien, encore, l’appropriation des idéologies de hiérarchisations et de minorisation à l’œuvre dans ces constructions, mais aussi la pression sociale qui s’exerce sur ces choix. Chez AS [p-14], scolarisée quelques années en fin d’Algérie coloniale, l’assimilation constitue une évidence non discutable, s’impose comme modèle en amont de la migration-intégration, s’y réalise surtout dans le rapport aux enfants, à leur éducation et de leur réussite.
  • Pour les autres femmes de la génération des mères originaires d’Algérie et du Maroc [p-6, 7, 8, 10], l’évidence est aussi présente, forge un but, voire un idéal, de parvenir à « ressembler » au point de « se fondre », de s’intégrer par « effacement » (Kilani, 1994), DONC de ne pas transmettre [p-6-7-8], et on voit bien comme les représentations de langues-cultures minorées s’accommodent des politiques assimilationnistes, les enjeux politiques de la minorisation linguistique. Dans les discours, l’effacement s’opère au prix d’un « renoncement » linguistique et culturel par rapport auquel on cherche à se convaincre d’« oublier » [p-6, 7, 8], et qui se manifeste à l’extrême dans le portrait 10, par l’inscription dans une posture de rejet linguistique et identitaire, d’« auto-odi » (Bretegnier, 2016c), d’exclusion radicale de ce Même que l’on ne veut plus être, devenu pour soi l’Autre stigmatisé.
    • On retrouve ici la thématique des étapes biographiques-sociolangagières dans le portrait de Sahida [p-7] pour qui le rapprochement avec sa mère quand elle-même devient mère, lui donne à se raviser, opter pour des pratiques bilingues, et chaque portrait montre ainsi des évolutions en termes de (positionnement par rapport à ces) représentations.
  • Ces évolutions se lisent dans les portraits des « migr-étudiant.e.s » (Tending, 2014) [p-17, 18, 19, 20], qui affirment fortement la conscience des idéologies, et une position contre, qui ne peut s’inscrire que dans l’ambivalence compte tenu de la complexité des enjeux dans la relation construite au français ancienne langue coloniale devenue officielle, et a fortiori quand cette langue est aussi la première, devenue langue maternelle [p-18, 19]. Ici, l’intégration est un discours qui a peu de sens [T-19], et on voit ici le levier fort que constitue la non-barrière de la langue. Mais ce terme fait aussi violence, produit une injonction à l’assimilation qui rejoue une idéologie de différence inégalitaire et de remplacement. Hugues parle de « bannir » le terme [p-17], Laurianne se positionne dans une stratégie protectrice de jouer le jeu de l’intégration, et pour Seydou, cette injonction produit un réinvestissement de sa langue maternée fortement stigmatisée, l’affirmation plus forte de sa « sénégalité ».

… Intégration = assimilation linguistique ?

  • Pour Zohra et Farida [p-17, 18], on peut dire que pendant longtemps l’intégration ne se produit précisément pas, par isolement entre subi et agi, maintenu dans la représentation d’un rapport de force inégalitaire et le déploiement d’une stratégie de résistance, garantes de territoires et de frontières… ce qui n’empêche pas la langue de passer, mais pas PAR elles.
  • On voit aussi, chez certains parents des positionnements plurilingues plus assumés qui déconstruisent l’intégration assimilationniste. ZH par exemple [T-9] affirme et maintient le choix de la transmission, mais son portrait montre aussi un processus de réduction de l’hétérogénéité se jouant dans le parcours de migration-intégration-transmission-recomposition plurilingue, de son côté, une seule de ses deux langues est transmise, celle ayant le plus de poids, ce processus de substitution apparaissant aussi à l’œuvre dans le portrait 7.

5.2. Le français langue d’intégration, mais aussi d’exclusion

  • « L’intégration » est une idéologie, un discours par rapport auquel on se positionne, mais c’est aussi une expérience au quotidien, des ressentis d’intégration ou au contraire d’exclusion, qui agissent fortement sur l’ouverture ou la résistance au processus et à la langue. Ils sont surtout thématisés en termes de stigmatisation au gré de pratiques ordinaires de discriminations linguistiques (Gasquet-Cyrus 2012). Pour Seydou, la violence de « l’intégration » a en particulier raisonné à son arrivée en France, par l’expérience continuelle de rejet de son accent [p-17], de différence inégalitaire attribuée, d’étrangéité linguistique assignée, et ici le fait d’être déjà francophone, voire francophone natif renforce les enjeux de l’illégitimité ressentie donc la violence symbolique.
  • « Etre étrangère » a longtemps fait souffrir Fatima [p-8], et on retrouve ici la locution par laquelle Michel Francard définit l’insécurité linguistique en termes de perpétuelle « quête non réussie de légitimité » (1993 : 13-14), en regard d’un idéal aliénant et inaccessible, de normeforcémentexogène, extérieure à soi (Bretegnier, 2016). Avec le recul, les années qui ont passé, elle comprend à quel point vouloir ne plus « être étrangère » était un leurre et surtout un piège, un processus sans fin dans lequel on ne devient jamais tout à fait l’Autre, mais dans lequel, par contre, on risque soi-même de « se perdre ».

5.3. La langue DONC l’intégration ?

  • L’évidence assimilationniste sous-tend ainsi un ordre et une causalité : l’intégration dépend de la langue...  ?
  • Les portraits étudiants, francophones avant migration, montrent que le partage de langue lève a priori une barrière importante, mais en produirait a posteriori une autre, peut-être encore plus forte, dans l’expérience de la minorisation de différences en une même langue, qui assigne, fige l’illégitimité.
  • Une langue en partage pourrait ainsi aussi, paradoxalement, freiner l’intégration. La principale barrière apparait en ce sens moins la langue ou les compétences réelles que l’illégitimité linguistique, /hétéro-/auto-dattribuée et perçue à l’égard de ses pratiques en langue/ variété dominante, mais aussi de la/les langue(s) ayant a fait de soi un sujet parlant, à la fois stigmatisée(s) et vécue(s) comme stigmatisante(s), interférant négativement dans la pratique et l’appropriation.
  • La francophonie d’AS [p-14] fait-elle levier dans son parcours d’intégration ? Dans ses discours, « l’intégration » se joue surtout en termes de réussite des enfants, comme si elle-même n’était pas concernée. Dans ses années de vie de mère au foyer, l’isolement, sans doute était moindre par rapport à celui ressenti par rapport à Farida et Zohra, non-francophones [p-15, 16], mais était, comme pour elles, présent, « on ne se mélangeait pas avec les Français », à la fois subi ET agi dans le maintien de frontières culturelles séparant, au-delà des langues, les territoires du Même et de l’Autre.
  • Ce n’est donc pas, en soi, que la langue ferait levier, ou que la transmission de L1 ferait frein. C’est plutôt ici dans la réception de la problématique de pluralité linguistique inégalitaire et dans la manière dont elle se rejoue dans les rapports construits aux langues, inscrites, dans les imaginaires des sujets, dans une relation d’opposition, dans un rapport de places et de pouvoirs déséquilibrés, d’enjeux contradictoires formant des doubles contraintes, qui les rendent comme difficiles à concilier (Bretegnier, 2013), qui forgent des sentiments de langues ou de pratiques illégitimes et délégitimantes, une double difficulté à concevoir le bi-/plurilinguisme comme possible, souhaitable, et à assumer le mélange, le contact, l’entre-deux, entravant à la fois l’appropriation du français, et l’inscription en dynamique d’« intégration ».

5.4. Adultes, parents, en parcours de migration-intégration : le sens et les enjeux du projet d’appropriation

  • Ces analyses montrent encore la complexité des enjeux socio-identitaires à l’œuvre dans l’appropriation du français en contacts et en mobilités, en parcours de migration et d’intégration, investi par les adultes du sens qu’ils confèrent à ce projet, par rapport auquel les perceptions sont ambivalentes : entre nécessaire et impossible, bénéfique et menaçant, assimilationniste et excluant, ce qu’ils peuvent manifester aussi par des attitudes oscillant entre motivation et démotivation, ouverture et fermeture, « entre désir et résistances » (Enriquez, 2011).
  • S’intégrer bien sûr c’est parler français, s’ouvrir et participer à la vie collective (Schnapper, 2007), française dans toute sa diversité, agir avec les autres, « s’affilier » (Coulon, 2005), mais c’est aussi s’autoriser le faire, s’en sentir légitime, admissible comme pair, avec ses différences. Dans les 3 portraits de grands-mères, c’est précisément l’ouverture progressive à la possibilité de l’altérité, un cheminement vers une (ré-)conciliation de ce qui était séparé, le contact (ré)amorcé avec la langue qui manquait, français ou arabe, qui semble opérer l’intégration, le désir de faire famille française et plurilingue, communauté francophone et arabophone, ou l’inverse, mais ce qui est important est le lien qui se tisse, pour Farida et Zohra l’investissement et l’acceptation du français, une parmi d’autres langue des siens.
    • Un frein : l’injonction à l’intégration-assimilation
    • Un levier : l’investissement du français en tant que langue (à devenir) « co-identitaire » (Beacco, 2008), en relation conciliée dans un répertoire construit et assumé comme plurilingue.

Penser l’intégration linguistique autrement que comme assimilationniste, décliver les langues pour parvenir à les concilier

Plan de l’exposition →
Imaginaires plurilingues entre familles et écoles : expériences, parcours, démarches didactiques

Des dynamiques et questions sociolangagières tout au long de la vie, des freins et leviers expérientiels de l’intégration linguistique ?

5.1 L’intégration donc l’assimilation linguistique ?

  • Intégration = assimilation, cette association apparait dans les discours comme une évidence, dont découle l’évidence de non-transmission, et on voit bien, encore, l’appropriation des idéologies de hiérarchisations et de minorisation à l’œuvre dans ces constructions, mais aussi la pression sociale qui s’exerce sur ces choix. Chez AS [p-14], scolarisée quelques années en fin d’Algérie coloniale, l’assimilation constitue une évidence non discutable, s’impose comme modèle en amont de la migration-intégration, s’y réalise surtout dans le rapport aux enfants, à leur éducation et de leur réussite.
  • Pour les autres femmes de la génération des mères originaires d’Algérie et du Maroc [p-6, 7, 8, 10], l’évidence est aussi présente, forge un but, voire un idéal, de parvenir à « ressembler » au point de « se fondre », de s’intégrer par « effacement » (Kilani, 1994), DONC de ne pas transmettre [p-6-7-8], et on voit bien comme les représentations de langues-cultures minorées s’accommodent des politiques assimilationnistes, les enjeux politiques de la minorisation linguistique. Dans les discours, l’effacement s’opère au prix d’un « renoncement » linguistique et culturel par rapport auquel on cherche à se convaincre d’« oublier » [p-6, 7, 8], et qui se manifeste à l’extrême dans le portrait 10, par l’inscription dans une posture de rejet linguistique et identitaire, d’« auto-odi » (Bretegnier, 2016c), d’exclusion radicale de ce Même que l’on ne veut plus être, devenu pour soi l’Autre stigmatisé.
    • On retrouve ici la thématique des étapes biographiques-sociolangagières dans le portrait de Sahida [p-7] pour qui le rapprochement avec sa mère quand elle-même devient mère, lui donne à se raviser, opter pour des pratiques bilingues, et chaque portrait montre ainsi des évolutions en termes de (positionnement par rapport à ces) représentations.
  • Ces évolutions se lisent dans les portraits des « migr-étudiant.e.s » (Tending, 2014) [p-17, 18, 19, 20], qui affirment fortement la conscience des idéologies, et une position contre, qui ne peut s’inscrire que dans l’ambivalence compte tenu de la complexité des enjeux dans la relation construite au français ancienne langue coloniale devenue officielle, et a fortiori quand cette langue est aussi la première, devenue langue maternelle [p-18, 19]. Ici, l’intégration est un discours qui a peu de sens [T-19], et on voit ici le levier fort que constitue la non-barrière de la langue. Mais ce terme fait aussi violence, produit une injonction à l’assimilation qui rejoue une idéologie de différence inégalitaire et de remplacement. Hugues parle de « bannir » le terme [p-17], Laurianne se positionne dans une stratégie protectrice de jouer le jeu de l’intégration, et pour Seydou, cette injonction produit un réinvestissement de sa langue maternée fortement stigmatisée, l’affirmation plus forte de sa « sénégalité ».

… Intégration = assimilation linguistique ?

  • Pour Zohra et Farida [p-17, 18], on peut dire que pendant longtemps l’intégration ne se produit précisément pas, par isolement entre subi et agi, maintenu dans la représentation d’un rapport de force inégalitaire et le déploiement d’une stratégie de résistance, garantes de territoires et de frontières… ce qui n’empêche pas la langue de passer, mais pas PAR elles.
  • On voit aussi, chez certains parents des positionnements plurilingues plus assumés qui déconstruisent l’intégration assimilationniste. ZH par exemple [T-9] affirme et maintient le choix de la transmission, mais son portrait montre aussi un processus de réduction de l’hétérogénéité se jouant dans le parcours de migration-intégration-transmission-recomposition plurilingue, de son côté, une seule de ses deux langues est transmise, celle ayant le plus de poids, ce processus de substitution apparaissant aussi à l’œuvre dans le portrait 7.

5.2. Le français langue d’intégration, mais aussi d’exclusion

  • « L’intégration » est une idéologie, un discours par rapport auquel on se positionne, mais c’est aussi une expérience au quotidien, des ressentis d’intégration ou au contraire d’exclusion, qui agissent fortement sur l’ouverture ou la résistance au processus et à la langue. Ils sont surtout thématisés en termes de stigmatisation au gré de pratiques ordinaires de discriminations linguistiques (Gasquet-Cyrus 2012). Pour Seydou, la violence de « l’intégration » a en particulier raisonné à son arrivée en France, par l’expérience continuelle de rejet de son accent [p-17], de différence inégalitaire attribuée, d’étrangéité linguistique assignée, et ici le fait d’être déjà francophone, voire francophone natif renforce les enjeux de l’illégitimité ressentie donc la violence symbolique.
  • « Etre étrangère » a longtemps fait souffrir Fatima [p-8], et on retrouve ici la locution par laquelle Michel Francard définit l’insécurité linguistique en termes de perpétuelle « quête non réussie de légitimité » (1993 : 13-14), en regard d’un idéal aliénant et inaccessible, de normeforcémentexogène, extérieure à soi (Bretegnier, 2016). Avec le recul, les années qui ont passé, elle comprend à quel point vouloir ne plus « être étrangère » était un leurre et surtout un piège, un processus sans fin dans lequel on ne devient jamais tout à fait l’Autre, mais dans lequel, par contre, on risque soi-même de « se perdre ».

5.3. La langue DONC l’intégration ?

  • L’évidence assimilationniste sous-tend ainsi un ordre et une causalité : l’intégration dépend de la langue...  ?
  • Les portraits étudiants, francophones avant migration, montrent que le partage de langue lève a priori une barrière importante, mais en produirait a posteriori une autre, peut-être encore plus forte, dans l’expérience de la minorisation de différences en une même langue, qui assigne, fige l’illégitimité.
  • Une langue en partage pourrait ainsi aussi, paradoxalement, freiner l’intégration. La principale barrière apparait en ce sens moins la langue ou les compétences réelles que l’illégitimité linguistique, /hétéro-/auto-dattribuée et perçue à l’égard de ses pratiques en langue/ variété dominante, mais aussi de la/les langue(s) ayant a fait de soi un sujet parlant, à la fois stigmatisée(s) et vécue(s) comme stigmatisante(s), interférant négativement dans la pratique et l’appropriation.
  • La francophonie d’AS [p-14] fait-elle levier dans son parcours d’intégration ? Dans ses discours, « l’intégration » se joue surtout en termes de réussite des enfants, comme si elle-même n’était pas concernée. Dans ses années de vie de mère au foyer, l’isolement, sans doute était moindre par rapport à celui ressenti par rapport à Farida et Zohra, non-francophones [p-15, 16], mais était, comme pour elles, présent, « on ne se mélangeait pas avec les Français », à la fois subi ET agi dans le maintien de frontières culturelles séparant, au-delà des langues, les territoires du Même et de l’Autre.
  • Ce n’est donc pas, en soi, que la langue ferait levier, ou que la transmission de L1 ferait frein. C’est plutôt ici dans la réception de la problématique de pluralité linguistique inégalitaire et dans la manière dont elle se rejoue dans les rapports construits aux langues, inscrites, dans les imaginaires des sujets, dans une relation d’opposition, dans un rapport de places et de pouvoirs déséquilibrés, d’enjeux contradictoires formant des doubles contraintes, qui les rendent comme difficiles à concilier (Bretegnier, 2013), qui forgent des sentiments de langues ou de pratiques illégitimes et délégitimantes, une double difficulté à concevoir le bi-/plurilinguisme comme possible, souhaitable, et à assumer le mélange, le contact, l’entre-deux, entravant à la fois l’appropriation du français, et l’inscription en dynamique d’« intégration ».

5.4. Adultes, parents, en parcours de migration-intégration : le sens et les enjeux du projet d’appropriation

  • Ces analyses montrent encore la complexité des enjeux socio-identitaires à l’œuvre dans l’appropriation du français en contacts et en mobilités, en parcours de migration et d’intégration, investi par les adultes du sens qu’ils confèrent à ce projet, par rapport auquel les perceptions sont ambivalentes : entre nécessaire et impossible, bénéfique et menaçant, assimilationniste et excluant, ce qu’ils peuvent manifester aussi par des attitudes oscillant entre motivation et démotivation, ouverture et fermeture, « entre désir et résistances » (Enriquez, 2011).
  • S’intégrer bien sûr c’est parler français, s’ouvrir et participer à la vie collective (Schnapper, 2007), française dans toute sa diversité, agir avec les autres, « s’affilier » (Coulon, 2005), mais c’est aussi s’autoriser le faire, s’en sentir légitime, admissible comme pair, avec ses différences. Dans les 3 portraits de grands-mères, c’est précisément l’ouverture progressive à la possibilité de l’altérité, un cheminement vers une (ré-)conciliation de ce qui était séparé, le contact (ré)amorcé avec la langue qui manquait, français ou arabe, qui semble opérer l’intégration, le désir de faire famille française et plurilingue, communauté francophone et arabophone, ou l’inverse, mais ce qui est important est le lien qui se tisse, pour Farida et Zohra l’investissement et l’acceptation du français, une parmi d’autres langue des siens.
    • Un frein : l’injonction à l’intégration-assimilation
    • Un levier : l’investissement du français en tant que langue (à devenir) « co-identitaire » (Beacco, 2008), en relation conciliée dans un répertoire construit et assumé comme plurilingue.

Penser l’intégration linguistique autrement que comme assimilationniste, décliver les langues pour parvenir à les concilier

Des dynamiques et questions sociolangagières tout au long de la vie, des freins et leviers expérientiels de l’intégration linguistique ?

5.1 L’intégration donc l’assimilation linguistique ?

  • Intégration = assimilation, cette association apparait dans les discours comme une évidence, dont découle l’évidence de non-transmission, et on voit bien, encore, l’appropriation des idéologies de hiérarchisations et de minorisation à l’œuvre dans ces constructions, mais aussi la pression sociale qui s’exerce sur ces choix. Chez AS [p-14], scolarisée quelques années en fin d’Algérie coloniale, l’assimilation constitue une évidence non discutable, s’impose comme modèle en amont de la migration-intégration, s’y réalise surtout dans le rapport aux enfants, à leur éducation et de leur réussite.
  • Pour les autres femmes de la génération des mères originaires d’Algérie et du Maroc [p-6, 7, 8, 10], l’évidence est aussi présente, forge un but, voire un idéal, de parvenir à « ressembler » au point de « se fondre », de s’intégrer par « effacement » (Kilani, 1994), DONC de ne pas transmettre [p-6-7-8], et on voit bien comme les représentations de langues-cultures minorées s’accommodent des politiques assimilationnistes, les enjeux politiques de la minorisation linguistique. Dans les discours, l’effacement s’opère au prix d’un « renoncement » linguistique et culturel par rapport auquel on cherche à se convaincre d’« oublier » [p-6, 7, 8], et qui se manifeste à l’extrême dans le portrait 10, par l’inscription dans une posture de rejet linguistique et identitaire, d’« auto-odi » (Bretegnier, 2016c), d’exclusion radicale de ce Même que l’on ne veut plus être, devenu pour soi l’Autre stigmatisé.
    • On retrouve ici la thématique des étapes biographiques-sociolangagières dans le portrait de Sahida [p-7] pour qui le rapprochement avec sa mère quand elle-même devient mère, lui donne à se raviser, opter pour des pratiques bilingues, et chaque portrait montre ainsi des évolutions en termes de (positionnement par rapport à ces) représentations.
  • Ces évolutions se lisent dans les portraits des « migr-étudiant.e.s » (Tending, 2014) [p-17, 18, 19, 20], qui affirment fortement la conscience des idéologies, et une position contre, qui ne peut s’inscrire que dans l’ambivalence compte tenu de la complexité des enjeux dans la relation construite au français ancienne langue coloniale devenue officielle, et a fortiori quand cette langue est aussi la première, devenue langue maternelle [p-18, 19]. Ici, l’intégration est un discours qui a peu de sens [T-19], et on voit ici le levier fort que constitue la non-barrière de la langue. Mais ce terme fait aussi violence, produit une injonction à l’assimilation qui rejoue une idéologie de différence inégalitaire et de remplacement. Hugues parle de « bannir » le terme [p-17], Laurianne se positionne dans une stratégie protectrice de jouer le jeu de l’intégration, et pour Seydou, cette injonction produit un réinvestissement de sa langue maternée fortement stigmatisée, l’affirmation plus forte de sa « sénégalité ».

… Intégration = assimilation linguistique ?

  • Pour Zohra et Farida [p-17, 18], on peut dire que pendant longtemps l’intégration ne se produit précisément pas, par isolement entre subi et agi, maintenu dans la représentation d’un rapport de force inégalitaire et le déploiement d’une stratégie de résistance, garantes de territoires et de frontières… ce qui n’empêche pas la langue de passer, mais pas PAR elles.
  • On voit aussi, chez certains parents des positionnements plurilingues plus assumés qui déconstruisent l’intégration assimilationniste. ZH par exemple [T-9] affirme et maintient le choix de la transmission, mais son portrait montre aussi un processus de réduction de l’hétérogénéité se jouant dans le parcours de migration-intégration-transmission-recomposition plurilingue, de son côté, une seule de ses deux langues est transmise, celle ayant le plus de poids, ce processus de substitution apparaissant aussi à l’œuvre dans le portrait 7.

5.2. Le français langue d’intégration, mais aussi d’exclusion

  • « L’intégration » est une idéologie, un discours par rapport auquel on se positionne, mais c’est aussi une expérience au quotidien, des ressentis d’intégration ou au contraire d’exclusion, qui agissent fortement sur l’ouverture ou la résistance au processus et à la langue. Ils sont surtout thématisés en termes de stigmatisation au gré de pratiques ordinaires de discriminations linguistiques (Gasquet-Cyrus 2012). Pour Seydou, la violence de « l’intégration » a en particulier raisonné à son arrivée en France, par l’expérience continuelle de rejet de son accent [p-17], de différence inégalitaire attribuée, d’étrangéité linguistique assignée, et ici le fait d’être déjà francophone, voire francophone natif renforce les enjeux de l’illégitimité ressentie donc la violence symbolique.
  • « Etre étrangère » a longtemps fait souffrir Fatima [p-8], et on retrouve ici la locution par laquelle Michel Francard définit l’insécurité linguistique en termes de perpétuelle « quête non réussie de légitimité » (1993 : 13-14), en regard d’un idéal aliénant et inaccessible, de normeforcémentexogène, extérieure à soi (Bretegnier, 2016). Avec le recul, les années qui ont passé, elle comprend à quel point vouloir ne plus « être étrangère » était un leurre et surtout un piège, un processus sans fin dans lequel on ne devient jamais tout à fait l’Autre, mais dans lequel, par contre, on risque soi-même de « se perdre ».

5.3. La langue DONC l’intégration ?

  • L’évidence assimilationniste sous-tend ainsi un ordre et une causalité : l’intégration dépend de la langue...  ?
  • Les portraits étudiants, francophones avant migration, montrent que le partage de langue lève a priori une barrière importante, mais en produirait a posteriori une autre, peut-être encore plus forte, dans l’expérience de la minorisation de différences en une même langue, qui assigne, fige l’illégitimité.
  • Une langue en partage pourrait ainsi aussi, paradoxalement, freiner l’intégration. La principale barrière apparait en ce sens moins la langue ou les compétences réelles que l’illégitimité linguistique, /hétéro-/auto-dattribuée et perçue à l’égard de ses pratiques en langue/ variété dominante, mais aussi de la/les langue(s) ayant a fait de soi un sujet parlant, à la fois stigmatisée(s) et vécue(s) comme stigmatisante(s), interférant négativement dans la pratique et l’appropriation.
  • La francophonie d’AS [p-14] fait-elle levier dans son parcours d’intégration ? Dans ses discours, « l’intégration » se joue surtout en termes de réussite des enfants, comme si elle-même n’était pas concernée. Dans ses années de vie de mère au foyer, l’isolement, sans doute était moindre par rapport à celui ressenti par rapport à Farida et Zohra, non-francophones [p-15, 16], mais était, comme pour elles, présent, « on ne se mélangeait pas avec les Français », à la fois subi ET agi dans le maintien de frontières culturelles séparant, au-delà des langues, les territoires du Même et de l’Autre.
  • Ce n’est donc pas, en soi, que la langue ferait levier, ou que la transmission de L1 ferait frein. C’est plutôt ici dans la réception de la problématique de pluralité linguistique inégalitaire et dans la manière dont elle se rejoue dans les rapports construits aux langues, inscrites, dans les imaginaires des sujets, dans une relation d’opposition, dans un rapport de places et de pouvoirs déséquilibrés, d’enjeux contradictoires formant des doubles contraintes, qui les rendent comme difficiles à concilier (Bretegnier, 2013), qui forgent des sentiments de langues ou de pratiques illégitimes et délégitimantes, une double difficulté à concevoir le bi-/plurilinguisme comme possible, souhaitable, et à assumer le mélange, le contact, l’entre-deux, entravant à la fois l’appropriation du français, et l’inscription en dynamique d’« intégration ».

5.4. Adultes, parents, en parcours de migration-intégration : le sens et les enjeux du projet d’appropriation

  • Ces analyses montrent encore la complexité des enjeux socio-identitaires à l’œuvre dans l’appropriation du français en contacts et en mobilités, en parcours de migration et d’intégration, investi par les adultes du sens qu’ils confèrent à ce projet, par rapport auquel les perceptions sont ambivalentes : entre nécessaire et impossible, bénéfique et menaçant, assimilationniste et excluant, ce qu’ils peuvent manifester aussi par des attitudes oscillant entre motivation et démotivation, ouverture et fermeture, « entre désir et résistances » (Enriquez, 2011).
  • S’intégrer bien sûr c’est parler français, s’ouvrir et participer à la vie collective (Schnapper, 2007), française dans toute sa diversité, agir avec les autres, « s’affilier » (Coulon, 2005), mais c’est aussi s’autoriser le faire, s’en sentir légitime, admissible comme pair, avec ses différences. Dans les 3 portraits de grands-mères, c’est précisément l’ouverture progressive à la possibilité de l’altérité, un cheminement vers une (ré-)conciliation de ce qui était séparé, le contact (ré)amorcé avec la langue qui manquait, français ou arabe, qui semble opérer l’intégration, le désir de faire famille française et plurilingue, communauté francophone et arabophone, ou l’inverse, mais ce qui est important est le lien qui se tisse, pour Farida et Zohra l’investissement et l’acceptation du français, une parmi d’autres langue des siens.
    • Un frein : l’injonction à l’intégration-assimilation
    • Un levier : l’investissement du français en tant que langue (à devenir) « co-identitaire » (Beacco, 2008), en relation conciliée dans un répertoire construit et assumé comme plurilingue.

Penser l’intégration linguistique autrement que comme assimilationniste, décliver les langues pour parvenir à les concilier

Des dynamiques et questions sociolangagières tout au long de la vie, des freins et leviers expérientiels de l’intégration linguistique ?

5.1 L’intégration donc l’assimilation linguistique ?

  • Intégration = assimilation, cette association apparait dans les discours comme une évidence, dont découle l’évidence de non-transmission, et on voit bien, encore, l’appropriation des idéologies de hiérarchisations et de minorisation à l’œuvre dans ces constructions, mais aussi la pression sociale qui s’exerce sur ces choix. Chez AS [p-14], scolarisée quelques années en fin d’Algérie coloniale, l’assimilation constitue une évidence non discutable, s’impose comme modèle en amont de la migration-intégration, s’y réalise surtout dans le rapport aux enfants, à leur éducation et de leur réussite.
  • Pour les autres femmes de la génération des mères originaires d’Algérie et du Maroc [p-6, 7, 8, 10], l’évidence est aussi présente, forge un but, voire un idéal, de parvenir à « ressembler » au point de « se fondre », de s’intégrer par « effacement » (Kilani, 1994), DONC de ne pas transmettre [p-6-7-8], et on voit bien comme les représentations de langues-cultures minorées s’accommodent des politiques assimilationnistes, les enjeux politiques de la minorisation linguistique. Dans les discours, l’effacement s’opère au prix d’un « renoncement » linguistique et culturel par rapport auquel on cherche à se convaincre d’« oublier » [p-6, 7, 8], et qui se manifeste à l’extrême dans le portrait 10, par l’inscription dans une posture de rejet linguistique et identitaire, d’« auto-odi » (Bretegnier, 2016c), d’exclusion radicale de ce Même que l’on ne veut plus être, devenu pour soi l’Autre stigmatisé.
    • On retrouve ici la thématique des étapes biographiques-sociolangagières dans le portrait de Sahida [p-7] pour qui le rapprochement avec sa mère quand elle-même devient mère, lui donne à se raviser, opter pour des pratiques bilingues, et chaque portrait montre ainsi des évolutions en termes de (positionnement par rapport à ces) représentations.
  • Ces évolutions se lisent dans les portraits des « migr-étudiant.e.s » (Tending, 2014) [p-17, 18, 19, 20], qui affirment fortement la conscience des idéologies, et une position contre, qui ne peut s’inscrire que dans l’ambivalence compte tenu de la complexité des enjeux dans la relation construite au français ancienne langue coloniale devenue officielle, et a fortiori quand cette langue est aussi la première, devenue langue maternelle [p-18, 19]. Ici, l’intégration est un discours qui a peu de sens [T-19], et on voit ici le levier fort que constitue la non-barrière de la langue. Mais ce terme fait aussi violence, produit une injonction à l’assimilation qui rejoue une idéologie de différence inégalitaire et de remplacement. Hugues parle de « bannir » le terme [p-17], Laurianne se positionne dans une stratégie protectrice de jouer le jeu de l’intégration, et pour Seydou, cette injonction produit un réinvestissement de sa langue maternée fortement stigmatisée, l’affirmation plus forte de sa « sénégalité ».

… Intégration = assimilation linguistique ?

  • Pour Zohra et Farida [p-17, 18], on peut dire que pendant longtemps l’intégration ne se produit précisément pas, par isolement entre subi et agi, maintenu dans la représentation d’un rapport de force inégalitaire et le déploiement d’une stratégie de résistance, garantes de territoires et de frontières… ce qui n’empêche pas la langue de passer, mais pas PAR elles.
  • On voit aussi, chez certains parents des positionnements plurilingues plus assumés qui déconstruisent l’intégration assimilationniste. ZH par exemple [T-9] affirme et maintient le choix de la transmission, mais son portrait montre aussi un processus de réduction de l’hétérogénéité se jouant dans le parcours de migration-intégration-transmission-recomposition plurilingue, de son côté, une seule de ses deux langues est transmise, celle ayant le plus de poids, ce processus de substitution apparaissant aussi à l’œuvre dans le portrait 7.

5.2. Le français langue d’intégration, mais aussi d’exclusion

  • « L’intégration » est une idéologie, un discours par rapport auquel on se positionne, mais c’est aussi une expérience au quotidien, des ressentis d’intégration ou au contraire d’exclusion, qui agissent fortement sur l’ouverture ou la résistance au processus et à la langue. Ils sont surtout thématisés en termes de stigmatisation au gré de pratiques ordinaires de discriminations linguistiques (Gasquet-Cyrus 2012). Pour Seydou, la violence de « l’intégration » a en particulier raisonné à son arrivée en France, par l’expérience continuelle de rejet de son accent [p-17], de différence inégalitaire attribuée, d’étrangéité linguistique assignée, et ici le fait d’être déjà francophone, voire francophone natif renforce les enjeux de l’illégitimité ressentie donc la violence symbolique.
  • « Etre étrangère » a longtemps fait souffrir Fatima [p-8], et on retrouve ici la locution par laquelle Michel Francard définit l’insécurité linguistique en termes de perpétuelle « quête non réussie de légitimité » (1993 : 13-14), en regard d’un idéal aliénant et inaccessible, de normeforcémentexogène, extérieure à soi (Bretegnier, 2016). Avec le recul, les années qui ont passé, elle comprend à quel point vouloir ne plus « être étrangère » était un leurre et surtout un piège, un processus sans fin dans lequel on ne devient jamais tout à fait l’Autre, mais dans lequel, par contre, on risque soi-même de « se perdre ».

5.3. La langue DONC l’intégration ?

  • L’évidence assimilationniste sous-tend ainsi un ordre et une causalité : l’intégration dépend de la langue...  ?
  • Les portraits étudiants, francophones avant migration, montrent que le partage de langue lève a priori une barrière importante, mais en produirait a posteriori une autre, peut-être encore plus forte, dans l’expérience de la minorisation de différences en une même langue, qui assigne, fige l’illégitimité.
  • Une langue en partage pourrait ainsi aussi, paradoxalement, freiner l’intégration. La principale barrière apparait en ce sens moins la langue ou les compétences réelles que l’illégitimité linguistique, /hétéro-/auto-dattribuée et perçue à l’égard de ses pratiques en langue/ variété dominante, mais aussi de la/les langue(s) ayant a fait de soi un sujet parlant, à la fois stigmatisée(s) et vécue(s) comme stigmatisante(s), interférant négativement dans la pratique et l’appropriation.
  • La francophonie d’AS [p-14] fait-elle levier dans son parcours d’intégration ? Dans ses discours, « l’intégration » se joue surtout en termes de réussite des enfants, comme si elle-même n’était pas concernée. Dans ses années de vie de mère au foyer, l’isolement, sans doute était moindre par rapport à celui ressenti par rapport à Farida et Zohra, non-francophones [p-15, 16], mais était, comme pour elles, présent, « on ne se mélangeait pas avec les Français », à la fois subi ET agi dans le maintien de frontières culturelles séparant, au-delà des langues, les territoires du Même et de l’Autre.
  • Ce n’est donc pas, en soi, que la langue ferait levier, ou que la transmission de L1 ferait frein. C’est plutôt ici dans la réception de la problématique de pluralité linguistique inégalitaire et dans la manière dont elle se rejoue dans les rapports construits aux langues, inscrites, dans les imaginaires des sujets, dans une relation d’opposition, dans un rapport de places et de pouvoirs déséquilibrés, d’enjeux contradictoires formant des doubles contraintes, qui les rendent comme difficiles à concilier (Bretegnier, 2013), qui forgent des sentiments de langues ou de pratiques illégitimes et délégitimantes, une double difficulté à concevoir le bi-/plurilinguisme comme possible, souhaitable, et à assumer le mélange, le contact, l’entre-deux, entravant à la fois l’appropriation du français, et l’inscription en dynamique d’« intégration ».

5.4. Adultes, parents, en parcours de migration-intégration : le sens et les enjeux du projet d’appropriation

  • Ces analyses montrent encore la complexité des enjeux socio-identitaires à l’œuvre dans l’appropriation du français en contacts et en mobilités, en parcours de migration et d’intégration, investi par les adultes du sens qu’ils confèrent à ce projet, par rapport auquel les perceptions sont ambivalentes : entre nécessaire et impossible, bénéfique et menaçant, assimilationniste et excluant, ce qu’ils peuvent manifester aussi par des attitudes oscillant entre motivation et démotivation, ouverture et fermeture, « entre désir et résistances » (Enriquez, 2011).
  • S’intégrer bien sûr c’est parler français, s’ouvrir et participer à la vie collective (Schnapper, 2007), française dans toute sa diversité, agir avec les autres, « s’affilier » (Coulon, 2005), mais c’est aussi s’autoriser le faire, s’en sentir légitime, admissible comme pair, avec ses différences. Dans les 3 portraits de grands-mères, c’est précisément l’ouverture progressive à la possibilité de l’altérité, un cheminement vers une (ré-)conciliation de ce qui était séparé, le contact (ré)amorcé avec la langue qui manquait, français ou arabe, qui semble opérer l’intégration, le désir de faire famille française et plurilingue, communauté francophone et arabophone, ou l’inverse, mais ce qui est important est le lien qui se tisse, pour Farida et Zohra l’investissement et l’acceptation du français, une parmi d’autres langue des siens.
    • Un frein : l’injonction à l’intégration-assimilation
    • Un levier : l’investissement du français en tant que langue (à devenir) « co-identitaire » (Beacco, 2008), en relation conciliée dans un répertoire construit et assumé comme plurilingue.

Penser l’intégration linguistique autrement que comme assimilationniste, décliver les langues pour parvenir à les concilier