Relyes
L’ENFANT, UN ÊTRE À FORMER
NOUVEAUX LIEUX, NOUVELLES INSTITUTIONS
DES RÉGENTS ET D’ANCIENS ÉLÈVES TÉMOIGNENT
BIBLIOTHÈQUE SONORE
38 ans, née en Algérie Fragments d’histoire de languesTerrain 2 : Adultes, 2017-2018 |
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Une hiérarchisation très nette des langues de son répertoireRelyes est née à la fin des années 1980 dans cette province algérienne qu’est la Kabylie. Sa langue maternelle est le kabyle, langue dont elle est fière et qu’elle utilise avec ses proches et sa famille, tous restés en Kabylie. Le Kabyle est pour elle la langue de l’affect, des sentiments, et des racines. Sa scolarisation se déroule d’abord en arabe, langue vecteur d’apprentissages mais aussi langue étudiée. Le français fait son apparition dans son répertoire dans le cadre scolaire, langue-matière enseignée à partir du CM1. C’est une langue qu’elle aime beaucoup, et décide d’étudier après le baccalauréat. Elle fait une licence de français, puis arrive en France en 2009 où elle poursuit ses études en master. L’arabe est devenu mineur dans ses pratiques quotidienne, mobilisée au titre de véhiculaire avec des locuteurs ne parlant ni le français, ni le kabyle. |
Relyes manifeste un lien fort à sa culture, aux rites religieux, mais une frustration de ne pouvoir les vivre ici. Sa culture est ancrée en elle, les rites religieux, tels que ceux qui encadrent le ramadan, sont si forts qu’ils ne peuvent être partagés qu’avec ceux qui vivent la même chose, ceux qui ressentent la même chose. Relyes considère qu’il n’y de culture que lorsqu’elle est partagée, estime que vivre sa culture en France était cause perdue, qu’une acculturation était nécessaire pour « s’intégrer ». |
Dans un projet de s’installer durablement en France, son désir d’intégration la conduit ainsi, à la naissance de ses enfants, à ne pas transmettre… « la » / l’une l’autre langue(s) initale(s) au profit du français, langue d’intégration qui devient ainsi la première langue de socialisation des enfants. |
Renoncement à transmettre sa langue, au nom de l’intégration, pour « entrer dans le moule »R : s’intégrer […] c'était / laisser sa langue et sa culture de côté // laisser tout ce qu'on avait ramené de notre pays / le mettre de côté// essayer de comprendre comment fonctionnent les gens dans la nouvelle société / et faire pareil // il faut essayer au maximum de ne pas se montrer / on va dire / de se cacher / essayer juste de faire comme les autres pour entrer on va dire dans le moule // |
Au nom de l’intégration mais aussi en lien à des ressentis épilinguistiques ambivalents |
Cette abnégation à transmettre participe, au fil du temps, à une dévalorisation de sa propre culture et surtout une mise en cause de sa capacité à transmettre. |
R : je me disais que de toute façon / ça sert à rien / c'est pas utile / et on est en France / et qu'est-ce qu'ils vont faire avec ça ? // Dévalorisation de sa culture et doutes quant à sa capacité à transmettreR : moi je transmets pas ma culture parce que je trouve qu'elle est inutile et que je peux pas leur transmettre aussi la culture française parce que je la connais pas, donc + en quelque sorte j'aurais, enfin je ferais des enfants vides, ++ ils seront complètement perdus parce qu'il y a rien qui puisse les aider pour se construire. |
Ce sentiment d’inutilité, et la dévalorisation de sa culture et de sa propre personne participe à la distance qu’elle met avec l’institution scolaire de ses enfants. Elle cherche son rôle, sa place dans l’éducation de ses enfants. Elle invoque la différence des codes culturels. En Algérie, les parents ont peu de contact avec les enseignants, les enfants vont tout seul à l’école. Lorsqu’elle dépose ses enfants à l’école, Relyes observe les autres parents, qui discutent entre eux, qui échangent avec les enseignants. Elle s’interroge : qu'est-ce que je pourrais apporter à cette école ? J'emmène mon enfant à l'école, mais moi c'est quoi mon rôle ? C'est juste l'emmener et puis aller le chercher ? |
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Ma culture : Une richesse ?R: je trouvais ça très difficile, parce que de toutes façons, c'est comme si on// j'ai essayé de me changer, complètement. Et à un moment je me sentais perdue, je// parce que je ne suis pas française, je peux pas faire comme eux. Plutôt que de taire sa différence, la partagerR : je mets ma différence de côté et je vais essayer de faire autrement, ça marche pas, parce qu'on se sent vraiment très très très mal et très seul, ++ donc avec cette différence, je partage, Le poids de la reconnaissanceR : Et quand on avait commencé les ateliers langues, c'était un an plus tard,+ et là je trouvais que finalement + moi je pourrais apporter quelque chose à l'école, je pourrais apporter ma langue, donc c'est quelque chose de nouveau, c'est quelque chose que// et ce qui m'a fait très très plaisir c'est que l'enseignante veut aussi découvrir ma langue. R : ++ Et à partir de là je me disais donc on est en France, ils sont dans une école française, donc ils vont apprendre ce qu'ils vont apprendre de de la culture française de la langue française, et à la maison je peux leur transmettre aussi toute cette partie-là que j'ai mis de côté. |
Imaginaires plurilingues entre familles et écoles : expériences, parcours, démarches didactiques
- Imaginaires plurilingues entre familles et écoles
- 1. IMALING : problématique, étayages et référents, opérationnalisation du programme
- 2. IMALING : Corpus et analyses : 20 portraits sociolangagiers et analyses transversales
- Présentation générale du Corpus
- 6 Terrains et dispositifs de collecte du Corpus
- Petites notices de contextualisation sociolinguistique pour situer les univers de socialisation
- Algérie
- Angola
- Bangladesh
- Chine (Canton)
- Colombie
- Corée du Sud
- Gabon
- Ingouchie
- Maroc
- Mayotte, Anjouan, Comores
- Russie
- Sénégal
- Fragments d’histoires de langues en parcours de mobilités migratoires et d’insertion sociale
- Mode d'emploi
- Collégiens allophones en inclusion scolaire
- DA
- CG
- RU
- SL
- FA
- Des femmes, mères, grand-mères, en parcours d’intégration et d’appropriation du français
- Fatima
- Sahida
- Relyes
- ZH
- KH
- LA
- SI et ZU
- AS
- Zohra
- Farida
- Étudiants en mobilités migratoires et parcours d’insertion
- Seydou
- Laurianne et Hugues
- Mb
- Pour conclure et ouvrir : esquisse d’analyses croisées
- I. Socialisé.e.s dans l’hétérogénéité : des plurilinguismes complexes
- II. Pratiques (de transmission-appropriation) langagières familiales
- III. Histoires de langues, histoires d’écoles
- IV. Des étapes biographiques, des questions sociolangagières tout au long de la vie
- V. Migrant un jour…. Migrant toujours ?... et à propos « d’intégration »
- VI. Regarder autrement, pour faire boule de neige
- 4. IMALING : Mallettes et ressources co-éducatives plurilingues et interculturelles
- Qui sommes-nous ?
38 ans, née en Algérie Fragments d’histoire de languesTerrain 2 : Adultes, 2017-2018 |
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Une hiérarchisation très nette des langues de son répertoireRelyes est née à la fin des années 1980 dans cette province algérienne qu’est la Kabylie. Sa langue maternelle est le kabyle, langue dont elle est fière et qu’elle utilise avec ses proches et sa famille, tous restés en Kabylie. Le Kabyle est pour elle la langue de l’affect, des sentiments, et des racines. Sa scolarisation se déroule d’abord en arabe, langue vecteur d’apprentissages mais aussi langue étudiée. Le français fait son apparition dans son répertoire dans le cadre scolaire, langue-matière enseignée à partir du CM1. C’est une langue qu’elle aime beaucoup, et décide d’étudier après le baccalauréat. Elle fait une licence de français, puis arrive en France en 2009 où elle poursuit ses études en master. L’arabe est devenu mineur dans ses pratiques quotidienne, mobilisée au titre de véhiculaire avec des locuteurs ne parlant ni le français, ni le kabyle. |
Relyes manifeste un lien fort à sa culture, aux rites religieux, mais une frustration de ne pouvoir les vivre ici. Sa culture est ancrée en elle, les rites religieux, tels que ceux qui encadrent le ramadan, sont si forts qu’ils ne peuvent être partagés qu’avec ceux qui vivent la même chose, ceux qui ressentent la même chose. Relyes considère qu’il n’y de culture que lorsqu’elle est partagée, estime que vivre sa culture en France était cause perdue, qu’une acculturation était nécessaire pour « s’intégrer ». |
Dans un projet de s’installer durablement en France, son désir d’intégration la conduit ainsi, à la naissance de ses enfants, à ne pas transmettre… « la » / l’une l’autre langue(s) initale(s) au profit du français, langue d’intégration qui devient ainsi la première langue de socialisation des enfants. |
Renoncement à transmettre sa langue, au nom de l’intégration, pour « entrer dans le moule »R : s’intégrer […] c'était / laisser sa langue et sa culture de côté // laisser tout ce qu'on avait ramené de notre pays / le mettre de côté// essayer de comprendre comment fonctionnent les gens dans la nouvelle société / et faire pareil // il faut essayer au maximum de ne pas se montrer / on va dire / de se cacher / essayer juste de faire comme les autres pour entrer on va dire dans le moule // |
Au nom de l’intégration mais aussi en lien à des ressentis épilinguistiques ambivalents |
Cette abnégation à transmettre participe, au fil du temps, à une dévalorisation de sa propre culture et surtout une mise en cause de sa capacité à transmettre. |
R : je me disais que de toute façon / ça sert à rien / c'est pas utile / et on est en France / et qu'est-ce qu'ils vont faire avec ça ? // Dévalorisation de sa culture et doutes quant à sa capacité à transmettreR : moi je transmets pas ma culture parce que je trouve qu'elle est inutile et que je peux pas leur transmettre aussi la culture française parce que je la connais pas, donc + en quelque sorte j'aurais, enfin je ferais des enfants vides, ++ ils seront complètement perdus parce qu'il y a rien qui puisse les aider pour se construire. |
Ce sentiment d’inutilité, et la dévalorisation de sa culture et de sa propre personne participe à la distance qu’elle met avec l’institution scolaire de ses enfants. Elle cherche son rôle, sa place dans l’éducation de ses enfants. Elle invoque la différence des codes culturels. En Algérie, les parents ont peu de contact avec les enseignants, les enfants vont tout seul à l’école. Lorsqu’elle dépose ses enfants à l’école, Relyes observe les autres parents, qui discutent entre eux, qui échangent avec les enseignants. Elle s’interroge : qu'est-ce que je pourrais apporter à cette école ? J'emmène mon enfant à l'école, mais moi c'est quoi mon rôle ? C'est juste l'emmener et puis aller le chercher ? |
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Ma culture : Une richesse ?R: je trouvais ça très difficile, parce que de toutes façons, c'est comme si on// j'ai essayé de me changer, complètement. Et à un moment je me sentais perdue, je// parce que je ne suis pas française, je peux pas faire comme eux. Plutôt que de taire sa différence, la partagerR : je mets ma différence de côté et je vais essayer de faire autrement, ça marche pas, parce qu'on se sent vraiment très très très mal et très seul, ++ donc avec cette différence, je partage, Le poids de la reconnaissanceR : Et quand on avait commencé les ateliers langues, c'était un an plus tard,+ et là je trouvais que finalement + moi je pourrais apporter quelque chose à l'école, je pourrais apporter ma langue, donc c'est quelque chose de nouveau, c'est quelque chose que// et ce qui m'a fait très très plaisir c'est que l'enseignante veut aussi découvrir ma langue. R : ++ Et à partir de là je me disais donc on est en France, ils sont dans une école française, donc ils vont apprendre ce qu'ils vont apprendre de de la culture française de la langue française, et à la maison je peux leur transmettre aussi toute cette partie-là que j'ai mis de côté. |
38 ans, née en Algérie Fragments d’histoire de languesTerrain 2 : Adultes, 2017-2018 |
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Une hiérarchisation très nette des langues de son répertoireRelyes est née à la fin des années 1980 dans cette province algérienne qu’est la Kabylie. Sa langue maternelle est le kabyle, langue dont elle est fière et qu’elle utilise avec ses proches et sa famille, tous restés en Kabylie. Le Kabyle est pour elle la langue de l’affect, des sentiments, et des racines. Sa scolarisation se déroule d’abord en arabe, langue vecteur d’apprentissages mais aussi langue étudiée. Le français fait son apparition dans son répertoire dans le cadre scolaire, langue-matière enseignée à partir du CM1. C’est une langue qu’elle aime beaucoup, et décide d’étudier après le baccalauréat. Elle fait une licence de français, puis arrive en France en 2009 où elle poursuit ses études en master. L’arabe est devenu mineur dans ses pratiques quotidienne, mobilisée au titre de véhiculaire avec des locuteurs ne parlant ni le français, ni le kabyle. |
Relyes manifeste un lien fort à sa culture, aux rites religieux, mais une frustration de ne pouvoir les vivre ici. Sa culture est ancrée en elle, les rites religieux, tels que ceux qui encadrent le ramadan, sont si forts qu’ils ne peuvent être partagés qu’avec ceux qui vivent la même chose, ceux qui ressentent la même chose. Relyes considère qu’il n’y de culture que lorsqu’elle est partagée, estime que vivre sa culture en France était cause perdue, qu’une acculturation était nécessaire pour « s’intégrer ». |
Dans un projet de s’installer durablement en France, son désir d’intégration la conduit ainsi, à la naissance de ses enfants, à ne pas transmettre… « la » / l’une l’autre langue(s) initale(s) au profit du français, langue d’intégration qui devient ainsi la première langue de socialisation des enfants. |
Renoncement à transmettre sa langue, au nom de l’intégration, pour « entrer dans le moule »R : s’intégrer […] c'était / laisser sa langue et sa culture de côté // laisser tout ce qu'on avait ramené de notre pays / le mettre de côté// essayer de comprendre comment fonctionnent les gens dans la nouvelle société / et faire pareil // il faut essayer au maximum de ne pas se montrer / on va dire / de se cacher / essayer juste de faire comme les autres pour entrer on va dire dans le moule // |
Au nom de l’intégration mais aussi en lien à des ressentis épilinguistiques ambivalents |
Cette abnégation à transmettre participe, au fil du temps, à une dévalorisation de sa propre culture et surtout une mise en cause de sa capacité à transmettre. |
R : je me disais que de toute façon / ça sert à rien / c'est pas utile / et on est en France / et qu'est-ce qu'ils vont faire avec ça ? // Dévalorisation de sa culture et doutes quant à sa capacité à transmettreR : moi je transmets pas ma culture parce que je trouve qu'elle est inutile et que je peux pas leur transmettre aussi la culture française parce que je la connais pas, donc + en quelque sorte j'aurais, enfin je ferais des enfants vides, ++ ils seront complètement perdus parce qu'il y a rien qui puisse les aider pour se construire. |
Ce sentiment d’inutilité, et la dévalorisation de sa culture et de sa propre personne participe à la distance qu’elle met avec l’institution scolaire de ses enfants. Elle cherche son rôle, sa place dans l’éducation de ses enfants. Elle invoque la différence des codes culturels. En Algérie, les parents ont peu de contact avec les enseignants, les enfants vont tout seul à l’école. Lorsqu’elle dépose ses enfants à l’école, Relyes observe les autres parents, qui discutent entre eux, qui échangent avec les enseignants. Elle s’interroge : qu'est-ce que je pourrais apporter à cette école ? J'emmène mon enfant à l'école, mais moi c'est quoi mon rôle ? C'est juste l'emmener et puis aller le chercher ? |
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Ma culture : Une richesse ?R: je trouvais ça très difficile, parce que de toutes façons, c'est comme si on// j'ai essayé de me changer, complètement. Et à un moment je me sentais perdue, je// parce que je ne suis pas française, je peux pas faire comme eux. Plutôt que de taire sa différence, la partagerR : je mets ma différence de côté et je vais essayer de faire autrement, ça marche pas, parce qu'on se sent vraiment très très très mal et très seul, ++ donc avec cette différence, je partage, Le poids de la reconnaissanceR : Et quand on avait commencé les ateliers langues, c'était un an plus tard,+ et là je trouvais que finalement + moi je pourrais apporter quelque chose à l'école, je pourrais apporter ma langue, donc c'est quelque chose de nouveau, c'est quelque chose que// et ce qui m'a fait très très plaisir c'est que l'enseignante veut aussi découvrir ma langue. R : ++ Et à partir de là je me disais donc on est en France, ils sont dans une école française, donc ils vont apprendre ce qu'ils vont apprendre de de la culture française de la langue française, et à la maison je peux leur transmettre aussi toute cette partie-là que j'ai mis de côté. |
38 ans, née en Algérie Fragments d’histoire de languesTerrain 2 : Adultes, 2017-2018 |
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Une hiérarchisation très nette des langues de son répertoireRelyes est née à la fin des années 1980 dans cette province algérienne qu’est la Kabylie. Sa langue maternelle est le kabyle, langue dont elle est fière et qu’elle utilise avec ses proches et sa famille, tous restés en Kabylie. Le Kabyle est pour elle la langue de l’affect, des sentiments, et des racines. Sa scolarisation se déroule d’abord en arabe, langue vecteur d’apprentissages mais aussi langue étudiée. Le français fait son apparition dans son répertoire dans le cadre scolaire, langue-matière enseignée à partir du CM1. C’est une langue qu’elle aime beaucoup, et décide d’étudier après le baccalauréat. Elle fait une licence de français, puis arrive en France en 2009 où elle poursuit ses études en master. L’arabe est devenu mineur dans ses pratiques quotidienne, mobilisée au titre de véhiculaire avec des locuteurs ne parlant ni le français, ni le kabyle. |
Relyes manifeste un lien fort à sa culture, aux rites religieux, mais une frustration de ne pouvoir les vivre ici. Sa culture est ancrée en elle, les rites religieux, tels que ceux qui encadrent le ramadan, sont si forts qu’ils ne peuvent être partagés qu’avec ceux qui vivent la même chose, ceux qui ressentent la même chose. Relyes considère qu’il n’y de culture que lorsqu’elle est partagée, estime que vivre sa culture en France était cause perdue, qu’une acculturation était nécessaire pour « s’intégrer ». |
Dans un projet de s’installer durablement en France, son désir d’intégration la conduit ainsi, à la naissance de ses enfants, à ne pas transmettre… « la » / l’une l’autre langue(s) initale(s) au profit du français, langue d’intégration qui devient ainsi la première langue de socialisation des enfants. |
Renoncement à transmettre sa langue, au nom de l’intégration, pour « entrer dans le moule »R : s’intégrer […] c'était / laisser sa langue et sa culture de côté // laisser tout ce qu'on avait ramené de notre pays / le mettre de côté// essayer de comprendre comment fonctionnent les gens dans la nouvelle société / et faire pareil // il faut essayer au maximum de ne pas se montrer / on va dire / de se cacher / essayer juste de faire comme les autres pour entrer on va dire dans le moule // |
Au nom de l’intégration mais aussi en lien à des ressentis épilinguistiques ambivalents |
Cette abnégation à transmettre participe, au fil du temps, à une dévalorisation de sa propre culture et surtout une mise en cause de sa capacité à transmettre. |
R : je me disais que de toute façon / ça sert à rien / c'est pas utile / et on est en France / et qu'est-ce qu'ils vont faire avec ça ? // Dévalorisation de sa culture et doutes quant à sa capacité à transmettreR : moi je transmets pas ma culture parce que je trouve qu'elle est inutile et que je peux pas leur transmettre aussi la culture française parce que je la connais pas, donc + en quelque sorte j'aurais, enfin je ferais des enfants vides, ++ ils seront complètement perdus parce qu'il y a rien qui puisse les aider pour se construire. |
Ce sentiment d’inutilité, et la dévalorisation de sa culture et de sa propre personne participe à la distance qu’elle met avec l’institution scolaire de ses enfants. Elle cherche son rôle, sa place dans l’éducation de ses enfants. Elle invoque la différence des codes culturels. En Algérie, les parents ont peu de contact avec les enseignants, les enfants vont tout seul à l’école. Lorsqu’elle dépose ses enfants à l’école, Relyes observe les autres parents, qui discutent entre eux, qui échangent avec les enseignants. Elle s’interroge : qu'est-ce que je pourrais apporter à cette école ? J'emmène mon enfant à l'école, mais moi c'est quoi mon rôle ? C'est juste l'emmener et puis aller le chercher ? |
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Ma culture : Une richesse ?R: je trouvais ça très difficile, parce que de toutes façons, c'est comme si on// j'ai essayé de me changer, complètement. Et à un moment je me sentais perdue, je// parce que je ne suis pas française, je peux pas faire comme eux. Plutôt que de taire sa différence, la partagerR : je mets ma différence de côté et je vais essayer de faire autrement, ça marche pas, parce qu'on se sent vraiment très très très mal et très seul, ++ donc avec cette différence, je partage, Le poids de la reconnaissanceR : Et quand on avait commencé les ateliers langues, c'était un an plus tard,+ et là je trouvais que finalement + moi je pourrais apporter quelque chose à l'école, je pourrais apporter ma langue, donc c'est quelque chose de nouveau, c'est quelque chose que// et ce qui m'a fait très très plaisir c'est que l'enseignante veut aussi découvrir ma langue. R : ++ Et à partir de là je me disais donc on est en France, ils sont dans une école française, donc ils vont apprendre ce qu'ils vont apprendre de de la culture française de la langue française, et à la maison je peux leur transmettre aussi toute cette partie-là que j'ai mis de côté. |